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Beaux arts / Beaux livres  ->  Photographie  
 

Une ethno-photographie engagée
Pierre de Vallombreuse   Peuples
Flammarion 2006 /  45 € - 294.75 ffr. / 135 pages
ISBN : 2-08-011404-2
FORMAT : 25,0cm x 32,0cm

Préface d'Edgar Morin.
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A propos de la vocation de l'ethnologue, Philippe Descola écrivait ceci : "Si une telle vocation existe, elle naît plutôt d'un sentiment insidieux d'inadéquation au monde, trop puissant pour être heureusement surmonté, mais trop faible pour conduire aux grandes révoltes" (Les Lances du crépuscule, Plon, 1993). Si certains ouvrages d'ethnologie se situent bien entre ces pôles que sont la création artistique et le discours politique, l'ouvrage de Pierre de Vallombreuse en est un fort bel exemple. Véritable ethno-photographie engagée, ce livre participe d'une double intention esthétique et politique.

La beauté de ces clichés nourrit cette nostalgie particulière qui renvoie plus ou moins directement à la rupture radicale entre la nature et la culture, qui caractérise la pensée occidentale moderne. La rencontre des peuples "sauvages", "primitifs", des "sociétés froides", peu importe le terme choisi, est alors l'occasion d'exprimer étonnements et fascinations pour des hommes et des femmes qui vivent, semble-t-il, plus harmonieusement que nous avec la nature. En ce sens, Edgar Morin a raison dans sa préface de présenter l'ouvrage comme "une leçon de nostalgie".

Si l'on peut discuter le bien fondé d'autres formulations (le même préfacier nous dit que ce sont là nos "ancêtres"), elles servent avant tout un objectif : sensibiliser au caractère mortifère d'une telle série de disparitions. Car là est le cœur du propos : nous avons besoin de ces peuples pour continuer à rester nous-mêmes. L'alarme se perçoit dans des scènes contrastées où des éléments de modernité (chaises en plastique, carcasses de voiture, kalachnikov, présences policière, etc.) impriment leur marque jusque dans les regards de ces hommes et femmes, silencieux, incertains de leur destin.

Pierre de Vallombreuse a choisi quatorze "peuples autochtones". Quatorze peuples sur tous les continents, contraints à reproduire de plus en plus difficilement des modes d'existence sur des espaces qui ne cessent de se réduire. Héritiers de vastes et riches cultures, ces peuples du dénuement ne jouissent d'aucune représentation nationale ou internationale. Les maux qui les affectent sont les suivants : déforestation, colonisation, répression politique, acculturation, qui génèrent à leur tour d'autres fléaux, l'alcoolisme, l'usage de drogues, la prostitution, la folklorisation des rituels, et le déclin démographique…

Portraits et scènes de la vie quotidienne se succèdent, au Mexique, aux Philippines, au Soudan, etc. Ils viennent témoigner pour ces quelques 300 millions d'individus qui, à travers toute la planète, sont condamnés à disparaître. Cette "leçon de nostalgie" prend aujourd'hui un relief particulier : les grandes transformations du monde alimentent un doute profond sur la capacité de nos sociétés à survivre, à préserver suffisamment leur environnement pour ne pas disparaître avec lui. Pire, notre usage du monde a un coût écologique mais aussi humain : celui de l'érosion de la diversité culturelle.

On ne peut alors qu'être ému par ces superbes clichés qui dévoilent toute la grandeur de l'intelligente symbiose que ces hommes ont su créer avec leur nature ; à l'image de cette jeune fille palawan (Philippines) qui vient recueillir au creux d'une liane une goutte d'eau : pour combien de temps encore, semble demander Pierre de Vallombreuse...

Cet ouvrage est aussi le catalogue d'une exposition qui se tient au Musée de l'Homme du 1er février au 7 mai 2006, et qui sera reprise en octobre 2006 au Mans.


Guy Dreux
( Mis en ligne le 06/03/2006 )
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