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Une écriture métonymique
Lizzie Boubli   L'Atelier du dessin italien à la Renaissance - Variante et variation
CNRS éditions 2003 /  30 € - 196.5 ffr. / 189 pages
ISBN : 2271061121
FORMAT : 19 x 27 cm
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Docteur en histoire de l’art et conservateur au Louvre, Lizzie Boubli s’est récemment occupée de l’exposition Savoir faire. La variante dans le dessin italien du XVIe siècle. Spécialiste de ces questions, elle a soutenu en 2000 à l’université Panthéon-Sorbonne une thèse sur les pratiques graphiques à la Renaissance. Les éditions du CNRS publient cette thèse par le présent ouvrage.

L’Atelier du dessin italien à la Renaissance est un ouvrage dense et de référence, produit d’un travail immense où la réflexion théorique le dispute à l’enquête de terrain, si l’on peut dire, car c’est en analysant une base de données considérable (plus de 4000 dessins !) que Lizzie Boubli a construit son étude. Le centre de gravité en est la variante, pratique du dessin héritée de la tradition du Quattrocento mais qui, à la faveur d'un accès beaucoup plus aisé au papier au tournant du XVIe siècle, connaît alors un essor en même tant que d’indiscutables évolutions.

La variante est au cœur de la genèse de l’œuvre picturale à la Renaissance. Ce procédé consistant à reprendre le détail d’un dessin d’ensemble pour le discuter, l’améliorer, le modifier, permet, par la mise en page même de la feuille de dessin, de lire l’évolution dans la conception et la composition de l’œuvre finale de l’artiste. C’est dans cette histoire des œuvres que l’historienne nous conduit, démultipliant les exemples que lui permet son impressionnant thésaurus de départ. «Les alternatives offertes par les variantes rendent ainsi compte des changements iconographiques qui peuvent aller de simples altérations de détail à une modification profonde de la structure» (p. 162), exlique-t-elle.

Ce véritable savoir-faire est demeuré longtemps méconnu de l’histoire de l’art… et des contemporains dont l’auteur montre bien qu’ils ne théorisèrent pas outre mesure cette technique, pourtant centrale dans la vie d’un atelier, partie prenante de l’habitus d’un maître, transmis à ses disciples. Ainsi, elle écrit à propos de l’atelier du Tintoret et de ce qu’elle nomme les «variantes d’atelier» : «La hiérarchisation du fonctionnement de l’atelier, l’utilisation des modèles ou de patterns et la coutume ancestrale de la copie sont quelques-unes des pratiques les plus apparentes du travail collectif né de la collaboration étroite entre le maître et ses assistants» (p. 46). En l’occurrence, la variante possède aussi une fonction à la fois pédagogique et de remploi une fois que le jeune artiste a acquis son autonomie. Elle permet la diffusion de modèles, d’un savoir-faire propre aux grands maîtres de l’époque.

A partir des différents dessins, Lizzie Boubli entreprend un travail méticuleux de définition et de catégorisation de la variante. Tributaire des analyses de Gilles Deleuze (Différence et répétition, PUF, 1996 – 1ère édition 1968), elle distingue plusieurs types de variantes et variations : reprises simples et composées, variantes complémentaires, de disposition, de composition, variantes progressives et d’assimilation… Le lecteur, s’il ne maîtrise pas le langage, risque de s’y perdre. De même, une connaissance intime des artistes et des œuvres semble nécessaire à la lecture de l’ouvrage, fruit, rappelons-le, d’un long travail universitaire.

La troisième partie de l’ouvrage s’attache à montrer l’importance du mouvement dans les œuvres picturales du XVIe siècle. «Les préceptes de la peinture sont absolument déterminés par cette conception universelle de la notion de temps. Celle-ci est bien entendu liée à la notion d’espace, mais le mouvement associe le temps à l’espace» (p. 131), explique l’auteur à partir de l’exemple de Léonard. Ici aussi, la variante permet l’étude d’une dynamique par la décomposition du mouvement.

Au final, si l’ouvrage s’adresse avant tout à un public de spécialistes et d’universitaires, il permettra au lecteur curieux une meilleure compréhension des processus et des techniques dans la création artistique, la diffusion de codes, à partir d’un point de vue original. La lecture est en outre facilitée par un important dossier iconographique au centre du livre, une bibliographie complète et claire, ainsi qu'un index utile.


Thomas Roman
( Mis en ligne le 12/09/2003 )
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