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La révolution de l’objet
Brandon Taylor   Collage - L'invention des avant-gardes
Hazan 2005 /  49 € - 320.95 ffr. / 224 pages
ISBN : 2-85025-978-0
FORMAT : 23x29 cm

L'auteur du compte rendu: Marion Perceval a suivi les cours de premier et de deuxième cycles de l'Ecole du Louvre (option histoire de la photographie). Elle prépare actuellement un DEA d'histoire des techniques sur Alphonse Davanne, un chimiste-photographe qui tenta de vulgariser la pratique photo à la fin du XIXe siècle.
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Du bouillonnement intellectuel et artistique du début du XXe siècle est sorti le collage. L’histoire de l’art de cette époque est riche de trouvailles et d’innovations ; mais comment une technique si simple à mettre en œuvre est-elle devenue à ce point emblématique et dans quel contexte ? Comment comprendre la révolution que son apparition va entraîner dans l’art de ce siècle ? Ce sont ces questions auxquelles Brandon Taylor répond dans le passionnant ouvrage qu’il consacre à ce thème, publié chez Hazan.

De sa genèse à ses différentes applications par d’autres artistes, le collage est une technique polymorphe qui offre au tableau ce qui lui manquait : la troisième dimension. Loin des polémiques sur le véritable «inventeur» (Braque, Picasso, ou les deux…), l’auteur expose des faits et les analyse sans jamais tomber ni dans l’hagiographie d’un artiste, ni dans la psychologie douteuse. Le tout est appuyé par de nombreuses reproductions en couleurs ou noir et blanc. Peut-on réellement imaginer aujourd’hui le bouleversement provoqué autour de 1911-1912 par l’introduction de cet «intrus» dans la peinture ?

A cette époque, l’objet et sa représentation sont profondément remis en cause par les artistes, tant peintres que sculpteurs. Certains vont même passer rapidement à l’abstraction. Mais si Braque et Picasso le maltraitent et le déforment, c’est pour mieux lui redonner son importance. Ils flirtent constamment avec l’abstraction sans jamais y tomber. Il est ainsi significatif que les deux artistes aient choisi le moment de leur évolution artistique le plus proche de la non-figuration pour y réintroduire le réel de façon presque prosaïque (puisque le collage est fait de réclame ou de papiers peints le plus souvent).

Petit à petit, les artistes vont découvrir cette nouveauté et se l’approprier. Effectivement, comme le suggère le titre, «l’invention des avant-gardes», chaque mouvement à venir, du surréalisme au pop art, l’utilisera comme un moyen d’expression en soi. Le collage leur permet une collision d’idées. Pour prendre tout son sens, il doit se lire à la fois dans le détail et dans sa globalité. Il sera considéré par exemple comme un moyen de résistance politique face à la montée du nazisme et des fascismes européens, notamment par John Heartfield et Hannah Höch, certainement les plus virulents (et les plus talentueux). Brandon Taylor offre à Höch, une artiste dont on parle peu, la place qu’elle mérite dans l’histoire de l’art.

Tour à tour utilisé pour ses qualités subversives par les surréalistes et les dadaïstes puis comme moyen de pointer les dérives consuméristes et la multiplication des images par les artistes pop, le collage et sa symbolique évoluent donc avec la société, jusqu’à aujourd’hui où il retrouve un nouveau souffle grâce à la conception numérique et aux logiciels de retouche d’image. Les questions du réel et de sa représentation sont omniprésentes puisque la modification est invisible. Aujourd’hui, la technique laisse place à la technologie, les matériaux premiers (le papier et la colle) ont changé, mais la symbolique reste la même.

L’ouvrage de Brandon Taylor offre au lecteur la satisfaction de voir réunis dans un bel objet un éclairage simple (mais non simpliste) sur un phénomène particulièrement novateur et son utilisation dans l’histoire.


Marion Perceval
( Mis en ligne le 10/06/2005 )
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