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Poches -> Littérature |
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Mieux vaut ne pas jouer avec le feu ! | | | Michel Faber Le Cinquième évangile Seuil - Points 2009 / 6 € - 39.3 ffr. / 178 pages ISBN : 978-2-7578-1768-1 FORMAT : 11cm x 18cm
Traduction d'Adèle Carasso
Première publication française en juin 2009 (L'Olivier) Imprimer
Paru à lorigine chez léditeur écossais Canongate, Le Cinquième évangile fait partie de la série Myths qui propose la réécriture dun mythe fameux par un auteur contemporain célèbre. Dans le cas présent, celui de Prométhée dont Michel Faber, acclamé entre autres pour La Rose pourpre et le Lys, sempare avec un enthousiasme communicatif. Notre Prométhée est ici Theo Griepenkerl, un universitaire canadien pas franchement excitant mais singulièrement ambitieux et narcissique.
Envoyé en Irak par le Toronto Institute of Classical Studies, nous le rencontrons au musée de Mossoul où il essaie de convaincre le conservateur récalcitrant de lui confier des pièces de valeur. Lorsque
une bombe explose, le musée sécroule, le conservateur périt mais pas Theo qui fait alors une découverte fabuleuse : «
il remarqua quun bas-relief représentant une déesse enceinte quil avait admiré lors de son premier passage, avait été endommagé par lexplosion. Le ventre creux contre toute attente - était ouvert comme la coquille dun uf éclos. Il baissa les yeux sur le dallage du sous-sol, là où les débris de pierre avaient atterri. Et parmi ces débris, enveloppés dune étoffe lâche, il y avait neuf rouleaux de papyrus».
Vieux de deux mille ans mais intacts, un véritable trésor ! Persuadé quils lui sont destinés puisque rédigés en araméen - sa spécialité -, Theo sempresse de les dérober. Peu lui importe lhumanité, cest dabord son bénéfice personnel et un avenir radieux quil envisage avec délectation. De retour chez lui, Theo sattelle à la traduction des écrits de Malchus (serviteur du grand prêtre Caïphe puis disciple du Christ, ce personnage biblique est célèbre pour son oreille droite coupée par saint Pierre dans le jardin des Oliviers). Malchus témoigne des derniers jours de Jésus et de sa crucifixion un véritable pensum pour le traducteur qui ne sait comment affronter tant de verbosité ! Cependant, ce que révèle Malchus sur la fragilité humaine du Christ donne aux documents le potentiel dun best-seller. Potentiel que Theo cherche immédiatement à exploiter sans réfléchir au danger quil court à se mêler de religion et à ébranler de la sorte les fondations de lédifice.
Qui dans Le Cinquième évangile va tourmenter Theo ? Pas daigle à lhorizon mais des vautours à lenvie, des fanatiques qui nhésitent pas à passer à lacte et une cohorte dabrutis que Theo, rebaptisé Grippin, rencontre lors dune tournée promotionnelle aux États-Unis. (son éditeur «lavait convaincu que Theo Griepenkerl poserait problème aux clients et aux libraires ; les probabilités pour que quelquun lorthographie mal lors dune recherche informatique ou loublie tout simplement étaient trop élevées»).
Michel Faber se déchaîne contre le monde de lédition et celui des médias, ridicules de vacuité et de suffisance. Le passage de Theo au Barbara Kuhn Show en dit long sur le peu de considération du romancier pour ces interviews préfabriquées et abrutissantes. Il décoche quelques piques bien senties à lauteur du Da Vinci Code dont il ne semble pas apprécier la contribution au genre ésotérico-religieux ! «Maudits soient ces exercices vénaux dérudition imaginaire, ces foutaises fumeuses et cette théologie à la Mickey Mouse !»
Le mythe de Prométhée nest pas à première vue synonyme dhilarité et pourtant on rit souvent à la lecture de ce court roman. Trop court sans doute pour exploiter des idées intéressantes qui restent souvent embryonnaires. Cest un peu dommage !
Florence Cottin ( Mis en ligne le 05/07/2010 ) Imprimer
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