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Ici et maintenant
Philip Roth   Exit le fantôme
Gallimard - Folio 2011 /  6,80 € - 44.54 ffr. / 366 pages
ISBN : 978-2-07-044068-9
FORMAT : 11cmx18cm

Première publication française en octobre 2009 (Gallimard - Du Monde Entier)

Traduction de Marie-Claire Pasquier

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Nathan Zuckerman est de retour ! Le vieil écrivain qui s'était exilé loin de Manhattan, dans son cimetière des éléphants, sa thébaïde, y retourne pour une opération devant lui permettre de régler ses soucis d'incontinence. Un retour au présent, comme une gifle, dans une Amérique sur le point de réélire George W. Bush, dans un New York envahi de téléphones mobiles, vecteurs d'une universelle ubiquité et d'un panoptisme quasi-orwellien.

Un retour au présent dont les émanations pour lui putrides n'empêchent pas un retour à la vie : «... je m'exposais aux irritants, aux stimulants, aux tentations et aux dangers du moment présent». New York électrochoc : «Entre l'espoir et moi, paix conclue. Mais en venant à New York, en quelques heures seulement, New York avait eu sur moi l'effet qu'il a sur tout le monde : il avait ouvert le champ des possibles. L'espoir avait ressurgi».

Soumis à ce qu'il avait en partie fui, l'«Ici et maintenant», Zuckerman renoue avec ses démons : la littérature, les femmes, le sexe. Un retour au temps perdu, à travers la figure de E.I. Lonoff, auteur disparu et oublié que Zuckerman côtoya jeune et qui le marqua profondément. Figure réapparue dans les traits de sa compagne, Amy, aujourd'hui vieille dame terrassée par un cancer ; figure malmenée, aussi, par l'enquête d'un jeune littérateur trublion, l'arrogant Richard Kliman, admirateur de Zuckerman à la façon d'un Iznogoud et bien décidé à écrire sur Lonoff une biographie dans l'air du temps, tout imprégnée de souffre : Kliman entend révéler sur Lonoff un secret intime, considérant que le scandale rend compte en grande partie de son œuvre. Zuckerman est d'un tout autre avis : «... je devais faire capituler Kliman, au moins cela. Le faire capituler était ma dernière obligation vis-à-vis de la littérature». Le combat qu'il mène contre Kliman est celui, mimétique, d'un vieillard contre cet autre soi-même qu'est ce jeune écrivain imbu de lui-même et entièrement maître de sa puissance juvénile : une assurance, un va-tout ne s'encombrant pas de nuances, un appétit sexuel tout aussi grossier ; c'est aussi celui de la littérature contre le réel.

Un combat qui passe par la retour au désir. Zuckerman, incontinent, vieil impuissant, retrouve au contact de Jamie, femme écrivain vivant avec un écrivain homme dans l'appartement que le vieil auteur investira en échange de sa retraite rurale, l'envie, ce désir réveillant en lui la bête que Roth avait tuée dans ses précédents romans (La Bête qui meurt, Un homme). Une envie sexuelle qui se traduit par une envie d'écrire. Le roman de Roth est ainsi agrémenté de passage imaginés et écrits part Zuckerman, des dialogues plus précisément, décrivant ce flirt impossible entre un écrivain en fin de course et une femme jeune, séduisante, et tourmentée (une intellectuelle new-yorkaise de gauche aux origines texanes, républicaines, 100 % Bush) ; la littérature permet l'incartade : «... la «Elle» imaginaire atteignant en plein cœur son personnage comme ne pourra jamais le faire la «elle» de la réalité».

Et du coup, le roman devient manifeste, aux deux sens du terme : roman pour de vrai et prise de position. Un régal, un vrai régal comme Roth sait en procurer, sans qu'on ne sache véritablement d'où ni comment l'alchimie s'opère, comment cette égo-fiction échappe aux modèles et écueils du genre sous nos latitudes, comment ce «je» pourtant omniprésent n'en finit pas d'être un «nous» et de rester circoncis dans les canons du romanesque. Une étape supplémentaire et essentielle dans l'œuvre de l'auteur américain, que d'aucuns décrivent comme un roman pessimiste alors que, selon nous, il est tout le contraire : passée l'acceptation désabusée des maux de la vieillesse, Roth, sous les traits de Zuckerman, renoue avec l'espoir, la vie, l'ici et le maintenant. Exit le fantôme, donc.


Thomas Roman
( Mis en ligne le 27/06/2011 )
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       de Philip Roth
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