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Ces mots-là...
James A. Levine   Le Cahier bleu
Pocket 2011 /  6,50 € - 42.58 ffr. / 248 pages
ISBN : 978-2-266-20505-4
FORMAT : 11cmx18cm

Première publication française en janvier 2010 (Buchet Chastel).

Traduction de Sylviane Lamoine.

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Un roman en forme de récit, dont la narratrice est une enfant, ou plutôt l'inverse tragique d'une enfant. Batuk, 9 ans quand son père, poussé par une misère totale, la vend à Bombay, entre à cet âge dans la prostitution.

Avec ses mots - elle avait appris l'écriture dans un dispensaire à la faveur d'une maladie, quand elle était plus jeune, à 7 ans, quand elle était encore enfant -, elle rapporte les épisodes de son insoutenable condition. Insoutenable aussi pour celui qui lit et qui voit, au-delà des bribes d'innocence et de la faible lueur d'un humour tendre qui teinte encore ces mots-là, toute l'horreur des situations décrites. Batuk note dans un cahier bleu l'histoire de sa déchéance, avec des mots d'enfant. Centrale, cette expression terrible qu'elle utilise pour désigner ce qu'elle fait avec les hommes, ce que les hommes lui font : «faire du pain au lait»...

«Je prends mes yeux et les retourne pour regarder à l'intérieur de moi. C'est comme si je voyais une vague s'écraser sur le bord de la rivière. Les torrents noirs s'engouffrent en moi et je vois ma lumière s'obscurcir», explique-t-elle pour décrire sa ''première fois'', à 9 ans.

Batuk nous raconte ce monde infernal, où chaque enfant a son Yazak, sorte de mari doublé d'un souteneur, ses hiérarchies et ses pratiques, tout un réseau d'orphelinats au service du crime. Elle nous dit aussi ses souvenirs d'avant, son amitié avec Puneet, son prince charmant, lui-même enfant prostitué. Elle raconter aussi cet épisode tragique quand, alors qu'elle devenait adolescente, elle fut soumise au joug d'un infernal fils à papa. Et l'histoire se termine par un joli conte...

James A. Levine, qui connaît ce milieu de Bombay où les Nations Unies l'avaient mandaté, a tiré de cette réalité ce roman qui est plus qu'un roman, un témoignage livré par un auteur donnant ses mots à ceux d'une enfant, une jeune fille rencontrée dans les rues de Bombay et qui tenait elle-même un cahier bleu. Des mots pour toute une enfance indienne sacrifiée...

Quant à Batuk, à nouveau violée, tabassée, défigurée, elle a ces mots, alors que le récit approche de son terme : «L'encre est tout ce qui reste de moi».


Thomas Roman
( Mis en ligne le 07/02/2011 )
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