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Après Marcel, Raymond...
Philippe Besson   Retour parmi les hommes
10/18 2012 /  7,10 € - 46.51 ffr. / 180 pages
ISBN : 978-2-264-05684-9
FORMAT : 11cmx18cm

Première publication en janvier 2011 (Julliard)
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Philippe Besson devrait faire un choix : arpenter la nuit parisienne au volant d'un tacot, caméra au poing (il anime le très tendance et gentiment sulfureux Paris dernière) ou faire de la littérature. Car ce dernier roman sent hélas les nuits trop courtes. Écrire ou conduire, il faut choisir.

Fort du succès de En l'absence des hommes, son premier roman, l'animateur proposait l'an dernier (ce mois en poche chez 10/18) une ''séquelle'' littéraire. Il avait laissé son personnage, Vincent, dans le deuil de son amant, Arthur, mort au combat, et l'exil. Cette ''suite'' marque le retour du jeune homme, ''né avec le siècle'' : nous sommes en 1923 ; il a 23 ans. Proust, son mentor, est décédé l'année précédente, et le fantôme d'Arthur continue de le hanter.

Vincent revient donc à Paris retrouver un confort bourgeois avec lequel il entretient un rapport ambigu (illustrant un rapport tout aussi complexe à la mère). Le Paris de l'après-guerre est aussi celui des années folles. C'est dans un club qu'il rencontre ainsi le très jeune Raymond, feu follet littéraire, comète dans le Landerneau. Radiguet bien sûr. Entre le retour des États-Unis et le suicide de Philippe Daudet, fils du tonitruant Léon, Vincent s'amourache du jeune homme. On connaît bien sûr la fin...

Retour parmi les hommes, en peu de pages, se divise entre le récit de l'exil et celui de cette relation. Le premier est fade, terriblement fade, un brouillon d'hypokhâgneux sur le ''grand tour'', alignant des clichés expédiés et frelatés sur l'Italie et ses charmes, l'appel de l'Orient (sur les pas de Rimbaud) et le voyage en Amérique. Mieux vaut lire Stendhal sur l'Italie et Céline sur le New-York des années 20. De très loin ! Une première moitié qui en agacera plus d'un, où l'auteur ne peut s'empêcher de citer Valéry pour évoquer la Grande guerre et sa grande leçon sur la fragilité des civilisations. Un truc d'hypokhâgneux, descendu de nos jours au niveau d'une ''bonne'' dissertation au Bac L. Les autres se sentiront drôlement ''culturés'' sur un pareil étendoir littéraire. Pas nous.

La seconde partie convainc plus et Besson redore son blason par ce qu'il sait faire : badigeonner le vélin d'un encre égotiste et éplorée. Qui fonctionne. L'auteur sait faire passer cette subjectivité, et ces personnages, s'ils se ressemblent tous, convainquent toujours. Dommage qu'il ne soit pas allé au bout du badigeon.

Bref, ce roman, médiocre, aurait pu être un bon roman si l'auteur avait été moins fainéant. Quel besoin ont Vincent et son auteur de côtoyer Proust, Radiguet ou Cocteau ? Et dans ce cas, pourquoi Besson n'habille-t-il pas son propos d'un peu d'ambition, en y allant franco dans la peinture historique et sociale ? Avec le même personnage central mais sans les copains people, et 200 pages de plus, on aurait eu quelque chose...


Thomas Roman
( Mis en ligne le 20/01/2012 )
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