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Poches -> Littérature |
| Leonard Michaels Sylvia Seuil - Points 2011 / 5.50 € - 36.03 ffr. / 150 pages ISBN : 978-2-7578-1983-8 FORMAT : 11cm x 18cm
Traduction de Céline Leroy Imprimer
Leonard Michaels (1933-2003) était avant tout un auteur de nouvelles célèbre aux États-Unis. Avec Sylvia (écrit en 1992), il saffaire à décrire sous forme de roman, tiré des souvenirs de son propre journal intime, lhistoire damour pour le moins tourmentée quil connût avec sa femme Sylvia de 1960 à 1964, alors quil na pas encore 30 ans.
Une femme énigmatique, possessive, hystérique, cultivée, dont cest avant tout la beauté fulgurante qui bouleverse le narrateur quand il la rencontre un soir anodin alors qu'il converse avec une jeune étudiante. Très vite les corps sassemblent et il est question de vie de couple à New-York, entre débrouille, vie de bohème, fréquentations peu recommandables, recherche demploi et disputes incessantes. En effet, le couple se déchire continuellement, trouvant à peine lentente ou la réconciliation dans laspect charnel de leur relation. Tout est prétexte aux crises de Sylvia, allergique à la moindre contrariété : bruit de machine à écrire, initiative individuelle de son mari, rangement du studio, dépense ou restriction financières. Bref, les détails de la vie quotidienne de létudiante en lettres et de lécrivain en herbe deviennent sujets à controverses permanentes. Malgré cela, ils décident de se marier. Et cest quatre ans de vie intime que Michaels décrit à la première personne, y mêlant quelques extraits de son Journal de bord écrit trente ans plus tôt.
Dans une atmosphère digne des polars américains des années 60, Michaels revient également sur lactualité culturelle et politique du moment. Ce sont les années dHiroshima mon amour, dEichmann à Jérusalem, de Kerouac sur la route, des chansons de Bob Dylan et de lassassinat de JFK. Au cur de ces moments historiques, le couple tente de survivre entre la lâcheté de lun et les caprices de lautre. En effet, Michaels tente de se remettre également en cause pour comprendre son attachement à Sylvia. Mais le problème semble plus universel que cela ; il sagit en fait de deux caractères antinomiques rattrapés par tout ce qui peut séparer le masculin du féminin. On aurait pu croire quune femme comme elle se laisserait séduire par dautres prétendants mais il n'en est rien ou presque, cest le couple lui-même qui sautodétruit... jusquà une fin tragique...
Comme bon nombres de romans américains, il nest pas vraiment question de style ici, mais du récit, très sobre et concret, une histoire simple dont la force réside dans lévocation dune impossibilité déclinée sous divers rapports. La mélancolie, la nostalgie et cette chronique des années 60 vont de pair avec une histoire damour à la fois banale et forte, car en perpétuelle tension. Un roman dapprentissage en quelque sorte, écrit par un auteur vieilli. Une curiosité non dénuée de ressors psychologiques.
Jean-Laurent Glémin ( Mis en ligne le 28/03/2011 ) Imprimer | | |
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