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Poches -> Littérature |
| Helen Simonson La Dernière conquête du major Pettigrew 10/18 - Domaine étranger 2013 / 8,80 € - 57.64 ffr. / 541 pages ISBN : 978-2-264-05884-3 FORMAT : 11,0 cm × 17,8 cm
Première publication française en mars 2012 (Nil)
Johan-Frederik Hel-Guedj (Traduction)
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Le major Pettigrew, 68 ans, incarne toute la tradition et la distinction anglaise, et il entend bien ne pas évoluer dun pouce ! Snob, snobissime, il vit désormais seul dans la grande maison familiale dEdgecombe Saint Mary depuis son veuvage. Il partage son temps entre le golf, quelques discussions avec de vieux amis, quelques moments mondains inévitables (et quil apprécie, bien quil déplore lévolution des murs), et les rares visites de son fils unique Roger.
Roger qui est tout à lopposé de son père : il a refusé demprunter la noble carrière des armes, pour choisir celle de financier. Son ambition na pas de limite, si peu quil en deviendrait presque touchant. Roger qui vit avec une jeune américaine, Sandy. Le roman souvre sur la mort du frère cadet du major, Bertie, et à partir de là se pose toute la vaste question de la transmission et de lhéritage, incarnée ici dans une paire de fusils que leur père, sur son lit de mort, partagea entre ses deux fils avec injonction de les réunir à la mort du premier. Les héritières de Bertie, sa veuve Marjorie et sa fille Jemima, vont-elles accepter de se plier à cette règle qui navait pas été écrite ?
Dans le petit village dEdgecombe Saint Mary, qui ressemble à tous les petits villages des romans anglais, avec ses cottages et son château, on croise des dames entre deux âges pleines doccupations, une militante écologiste habillée de couleurs invraisemblables et voisine du Major, un prêtre anglican et son épouse qui na que trop tendance à tout prendre en charge, et - à défaut de grande surface commerciale - une petite épicerie tenue par un couple de pakistanais ; lui est mort, mais sa veuve, Madame Ali, a gardé la boutique, protégée par les dispositions testamentaires de son mari. Madame Ali, née à Cambridge, dun père fervent anglophile, mais que chacun voit comme «létrangère».
Entre le Major et Madame Ali, se noue sur fond de lecture de Kipling une idylle qui aura du mal à saccomplir. La fin est sans surprises, et heureuse, mais tout le charme du roman tient dans la description pleine dhumour des personnages et de leur vie quotidienne. Chacun représente un «caractère» et dans cette galerie de portraits où se confrontent vieille et nouvelle Angleterre, le lecteur se promène avec amusement. Il découvre le club de golf (qui évoque les romans de P.J. Wodehouse), la communauté pakistanaise et sa variété, ses modes dentrée dans la société anglaise, les choix draconiens entre modernité et tradition, lintolérance réciproque au quotidien. Entre deux tasses de thé, la culture des roses et des jardins, les tailleurs de tweed, les chasses organisées par le châtelain, les références feutrées à la famille royale, le lecteur retrouve lAngleterre de la tradition littéraire, avec ses ennemis habituels : largent brutal, lAméricain inculte et riche, la religion du progrès à tout prix, la vulgarité
Le Major va-t-il parvenir à maintenir intacte la Tradition ou
faut-il que tout change pour que rien ne change ?
Il y a un peu du Guépard dans cette histoire anglaise.
Helen Simonson est anglaise, elle vit à Washington, La Dernière conquête du major Pettigrew est son premier roman ; amusant, bien mené, il se lit aisément comme on déguste une tasse de thé accompagnée de scones, en écoutant, sourire aux lèvres, potins et commérages dune Angleterre «éternelle», de Jane Austen à Agatha Christie.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 22/05/2013 ) Imprimer | | |
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