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Poches -> Littérature |
| Imre Kertész Le Drapeau anglais - Suivi de Le Chercheur de traces et de Procès-verbal Actes Sud - Babel 2012 / 8,20 € - 53.71 ffr. / 224 pages ISBN : 978-2-330-00641-9 FORMAT : 11cm x 18cm
Natalia Zaremba-Huzsvai et Charles Zaremba (Traducteurs) Imprimer
Imre Kertész est connu pour deux choses essentielles : La parution en 1975 d'un chef d'uvre absolu, Être sans destin (écrit en 1960) et l'obtention du prix Nobel de littérature en 2002. Mais il n'y a pas que cela et Acte Sud est heureusement là pour faire connaître au public français l'uvre de Kertész en publiant régulièrement des écrits de l'écrivain hongrois. C'est le cas avec ce recueil de trois nouvelles dont deux sont inédites.
On sait que chacun des textes de Kertész rejoint de près ou de loin en tout cas symboliquement l'expérience des camps, mais il n'est pas essentiel de connaître l'histoire personnelle qui a conduit l'auteur à produire ces trois nouvelles. Si la première et la dernière se complètent (historiquement et philosophiquement), la troisième sort un peu du lot, ne serait-ce que par sa structure formelle.
S'il est également inutile de revenir sur les trois histoires que content ces nouvelles, c'est avant tout pour montrer que lire Kertész est davantage une incursion dans son intimité, dans son champ de réflexion, une volonté de participer à une aventure psychologique, cérébrale, plutôt que d'appréhender un scénario dont les personnages et les situations seraient la clef. L'Histoire (avec un grand H) est totalité dans l'uvre du romancier hongrois et c'est elle qui annonce l'histoire, la petite. Elle fait corps avec la souffrance du narrateur ou du personnage principal qui sont en perpétuelle recherche d'eux-mêmes, mais aussi d'un sens à apporter à leur vie.
Ici la Shoah, l'insurrection de Budapest et la chute du mur de Berlin encadrent les trois récits. L'autobiographie n'est donc jamais loin, Kertész ayant été le journaliste présent dans Le Drapeau anglais ou l'écrivain reconnu dans Procès-verbal. Le Chercheur de traces (métaphore un peu poussée de l'écrivain) est plus nuancé et demeure plus obscure (la date de création étant 1975-1998).
Si Kertész brille intensément dans l'analyse de cette «ère de la catastrophe», il est peut-être moins à l'aise dans l'art de la nouvelle (qui obéit à des codes). Reste chez lui une profondeur de la réflexion, un style tout en sobriété et une intensité dans la création d'une uvre marquée par l'anéantissement de l'individu.
On se réjouit d'autant plus qu'il reste d'autres uvres de l'écrivain à traduire et à proposer au lecteur français.
Jean-Laurent Glémin ( Mis en ligne le 14/05/2012 ) Imprimer
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