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Poches -> Littérature |
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Légèreté du désir féminin | | | Belinda Cannone L’Ecriture du désir Gallimard - Folio essais 2012 / 7.50 € - 49.13 ffr. / 127 pages ISBN : 978-2-07-044617-9 FORMAT : 10,8 cm × 17,7 cm Imprimer
Lasse dune pensée mélancoliquement «tournée vers lombre», Belinda Cannone entend dans cet ouvrage démontrer les liens qui rattachent la création littéraire à la puissance positive du désir de vivre. Publié en 2000, cet ouvrage est couronné lannée suivante du prix de lEssai de lAcadémie française, ce qui justifie cette réédition en poche complétée de quelques ajouts. On comprend en effet le succès de ce livre dont la lecture savère très agréable ; sous la forme dune vingtaine de courts chapitres, Belinda Cannone étudie différentes figures du désir et la manière dont la littérature se nourrit de lénonciation de cette volonté détreindre lexistence.
Lécriture aérienne de cet essai entend épouser la légèreté de son contenu car selon lauteur, «il faut écrire comme on danse, dans le même élan, dans la même consciente inconscience, avec la même grâce, même joie». Certains lecteurs risquent donc dêtre trompés par le titre accrocheur de cet ouvrage qui se focalise davantage sur la grâce et la sensualité du désir que sur une perspective ouvertement sexuelle. LEcriture du désir naborde que furtivement la question pourtant centrale de laltérité sexuelle ; dans un chapitre consacré au film Eyes wide shut, lauteur réduit cette différence à une lucidité plus importante de la femme à légard du désir (ce qui est totalement contestable), de par son rôle de proie. Le film de Kubrick démontre pourtant une terrible asymétrie du désir entre les deux sexes, qui sexplique justement par la fonction de chasseur de lhomme.
La référence récurrente de lauteur à la danse est dailleurs significative ; la danse constitue un plaisir fondamentalement féminin, seule la femme parvenant à jouir de la représentation de son désir et non forcément de son accomplissement (et ce nest malheureusement que dans les films pour femmes que les hommes prennent plaisir à danser au-delà de tout rapport de séduction). Il sagit ainsi dune vision positive, parce que féminine, du désir ; dès lors on ne sétonnera guère que Belinda Cannone souhaite sémanciper dune pensée «au bord du gouffre» et oublier les problèmes de violence et de frustration pourtant inhérents au désir. Mais on pourra difficilement reprocher à lauteur de ne pas saisir la puissance ambivalente du désir masculin, qui en constitue pourtant lun des principaux intérêts littéraires.
Antoine Robineau ( Mis en ligne le 21/09/2012 ) Imprimer
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