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Poches -> Littérature |
| Abdellatif Laâbi Le Fond de la jarre Gallimard - Folio 2010 / 5,60 € - 36.68 ffr. / 276 pages ISBN : 978-2-07-043837-2 FORMAT : 11cmx18cm
Première publication en mars 2002 (Gallimard- Blanche) Imprimer
Quand on a six ans, le monde qui vous entoure se transforme vite en un précipité de rocambolesques aventures. Il en va ainsi pour le petit Namouss dont les premiers pas hors de sa maison dans la médina de Fès sont autant de découvertes, plus fascinantes les unes que les autres. Bien des années plus tard, alors que le mur de Berlin seffondre, le narrateur du roman d'Abdellatif Laâbi, Le Fond de la jarre, se remémore ses premières émotions enfantines. En ce temps-là, il explorait tour à tour les mystères des ruelles de Fès et des leçons de français appris avec enthousiasme à lécole.
A ses côtés, les figures aussi expansives quexcentriques qui composaient sa famille habitent ses souvenirs : loncle Touissa, célibataire et fugueur dilettante qui préférait larôme du kif à celui dégagé par le labeur, son père Driss, diplomate conciliant en affaires familiales, sa belle-sur généreuse en sucreries mais aussi et surtout Ghita, tout à la fois tendre mère et virago survoltée, qui épiçait la vie quotidienne de ses réparties tonitruantes et savoureuses.
Mais les petits drames familiaux se dissoudront vite dans les premiers sursauts de lindépendance marocaine et ''Radio Medina à laquelle rien néchappe et qui dun grain fait une pyramide'' deviendra une caisse de résonance des affrontements entre le pouvoir colonial et les résistants. Namouss laissera aux plus grands la complexité des affaires politiques pour se promener, nez au vent, dans les bouquets de senteur des vergers de Fès, les odeurs de cuir et de sueur du souk et le fumet du tajine maternel.
La Médina, luxuriante, colorie avec bonheur ces souvenirs denfance encore si vivaces sous la plume francophone d'Abdellatif Laâbi. Doit-on alors parler de roman ou dautobiographie ? Dans tous les cas, lauteur, ancien détenu des geôles dHassan II et figure engagée de la littérature marocaine, a quelque peu mis de côté la fureur de la lutte et le cri politique pour mettre sa verve poétique au service dune nostalgie tendre et familiale. Bien que la remontée des souvenirs se fasse parfois un peu besogneuse au prix de quelques longues digressions, lémoi enfantin est intact et sent bon le bonheur.
Nicole Maïon ( Mis en ligne le 19/07/2010 ) Imprimer | | |
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