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Poèmes pour un amour défait
Nathalie Rheims   Lettre d’une amoureuse morte
Gallimard - Folio 2002 /  2.50 € - 16.38 ffr.
ISBN : 207042104X
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Mort ou enfui… on ne sait jamais vraiment, avec les amoureux désespérés, ce qu’il est advenu de l’être aimé tant un départ ou un abandon ressemble à un deuil. Louvoyant autour de l’absence – du vide et de la souffrance, ses inévitables corollaires – cette «lettre» ne cesse de flotter à la crête de l’ambiguïté, le «je» locuteur – écrivant, parlant ou chantant, au fond les trois termes se rejoignent en cette parole étrangement incantatoire – errant lui-même entre sa claustration, l’ouverture vers ses souvenirs et sa mort à lui-même.

En fait de lettre, l’on a plutôt affaire à de larges écailles arrachées tant bien que mal à la douleur à coups de mots, donnant de courts poèmes de forme libre nourris de récurrences qui les lient en un maillage lâche à travers lequel les blancs typographiques font courir des silences. Allant du vide à l’absence et de l’absence à la souffrance pour revenir au vide qu’elles creusent, c’est un récitatif conjuratoire qu’énonce un «je» en quête de substance, d’une consistance qui se dérobe. L’obstacle serait-il ce «elle» émergeant ici et là, glissé entre «je» et «tu/toi», tantôt accroché à l’un tantôt comme l’ombre de l’autre ? «Elle» semble à la fois métaphore de la mort et incarnation de celle qui a ruiné l’amour. Mais les deux signifiances ne se confondent-elles pas dans le coeur de la délaissée?

Dans l’ensemble, cette courte épître tout en lignes brisées cultive les lieux communs du désespoir amoureux – n’y lit-on pas qu’«il n’y a pas de remède à l’amour qui s’en va»? Pourtant un charme opère inexorablement : celui de cette ambiguïté constante mêlant en une brume subtilement poétique figures métaphoriques, allégories et mots dont seul le sens dénoté importe.

Lettre d’une amoureuse morte laisse parler les blancs et les silences qui sertissent ces lambeaux de douleur brute à peine formalisés par les mots. Ce sont ces blancs silencieux qui mènent au-delà des récurrences, au-delà des signifiants convenus de l’amour rompu, et l’on sent ses propres vacuités entrer en résonance avec les vides taillés dans le lent maillage des signes. Porté par la musique des sons, les rythmes des énumérations et des ellipses, on est ému par ces poèmes voués à un amour défait – même s’ils ne sont guère novateurs dans leur forme.


Isabelle Roche
( Mis en ligne le 04/12/2002 )
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