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Briser l'atome avec des mots
Michael Cunningham   Les Heures
10/18 - Domaine étranger 2004 /  6.40 € - 41.92 ffr. / 230 pages
ISBN : 2-264-03459-9
FORMAT : 11x18 cm

Première édition : Belfond, 2003.
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Pour qui a aimé jusqu’aux larmes le film de Stephen Daldry (2003), brillamment porté par la musique de Philip Glass et les jeux de Julianne Moore, Meryl Streep et Nicole Kidman, Les Heures de Michael Cunningham apportera toute sa beauté et sa profondeur littéraire.

Les Heures tresse ensemble trois existences, trois parcours de femmes liées par leurs conditions ou leurs histoires intimes. Au début du siècle, dans sa retraite la protégeant du tumulte londonien, Virginia Woolf, malade, mûrit son célèbre Mrs Dalloway. Dans les années cinquante, Laura Brown, mère du petit Richie et enceinte d’un second enfant, peine à rentrer dans ses habits de femme au foyer exemplaire, dans son pavillon impeccable, au bras d’un époux amoureux et vétéran de la Seconde Guerre mondiale. Pour oublier l’engoncement, elle lit Mrs Dalloway. Enfin, de nos jours, une éditrice New-yorkaise, Clarissa, organise une réception en l’honneur de Richard, ami de toujours, amant impossible, poète homosexuel atteint du SIDA. Comme l’héroïne du roman de V. Woolf, dont elle partage le prénom, elle se dilue dans les préparatifs d’une réception mondaine…

Comme des ricochets sur une eau calme, ses trois vies résonnent ensemble, se font écho. Elles disent en motu proprio l’universelle condition féminine et ses victoires au fil du temps, comme celles d’une homosexualité peu à peu émancipée. Si Clarissa vit en couple de la façon la plus conventionnelle, voire avec conservatisme (mais n’est-ce pas aussi une façon de se cacher ?), Virginia et Laura volent des baisers féminins, à une sœur, une voisine, de manière furtive sinon coupable…

«Les cercles de plomb se dissolvaient dans l’air», écrivait Virginia Woolf pour rendre la sensation des coups de Big Ben. Evoquant Richard, l'écrivain maudit depuis l’enfance, M. Cunningham écrit : «l’obstiné, le désenchanté, le scrutateur, Richard qui observait si minutieusement, si longuement, qui voulait briser l’atome avec des mots»… (p.71) On devine alors le romancier derrière la fiction du poète car la beauté des Heures semble résider avant tout dans la saisie d’instants, dans l’évocation alchimique de secondes qu’on croirait, papillons frénétiques, inatteignables : la mort d’un oiseau, l’écriture d’une phrase, la chute d’une larme, tous ces laps de temps furtifs, mais ici brillamment capturés… V. Woolf écrivait encore : «Le mot «temps» brisa sa bogue ; déversa sur lui ses richesses ; et des lèvres tombèrent, comme des coquillages, comme les copeaux d’un rabot, sans qu’il ait à les fabriquer, des mots durs, blancs, impérissables qui s’envolèrent…»


Bruno Portesi
( Mis en ligne le 30/07/2004 )
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