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Poches -> Littérature |
| Francis Scott Fitzgerald Le Pirate de haute mer - et autres nouvelles J'ai lu - Librio 2004 / 2 € - 13.1 ffr. / 76 pages ISBN : 2290341312 FORMAT : 13x22 cm Imprimer
De Scott Fitzgerald, on lit surtout Gatsby le magnifique, mais cest oublier quil a aussi été lauteur prolifique de nouvelles pour la presse hebdomadaire américaine ; parce que celles-ci lui ont assuré dans les années 20 le train de vie fastueux quexigeaient ses goûts et ceux de son épouse Zelda, on les classe volontiers sous la rubrique : nouvelles alimentaires. En fait cest juger un peu vite, car, à la différence des Français, les Anglo-saxons pratiquent volontiers le genre de la nouvelle et Francis Scott Fitzgerald sy est exercé avec bonheur.
Les éditions Librio en éditent trois : Le Pirate de haute mer, Joe Varland prend le train et Le Démon. On y retrouve dans la première lélégance désenchantée de Scott Fitzgerald : dans un décor hollywoodien, sur fond de mer plus bleue que nature, Ardita, une jeune fille très jeune, très belle et très riche promène avec nonchalance son ennui et son égocentrisme, tout en affichant son refus des conventions du monde. Ardita peut être vue comme un double léger de Zelda Fitzgerald, soucieuse de vivre sa vie et de maîtriser son sort. Les années 20 - le jazz - se profilent à lhorizon, prenant laspect dun séduisant pirate, Carlyle, accompagné de six chanteurs/marins noirs ; après un détour par une île de rêve, la promesse dhorizons lointains, Ardita retrouvera son destin et le happy end est de rigueur
A aucun moment Scott Fitzgerald ne se prend au sérieux en écrivant cette fantaisie moderne, ce qui donne tout son charme à cette histoire légère, que lon lit comme on regarderait un vieux film en noir et blanc.
Les deux autres nouvelles donnent un autre aspect, moins connu, du talent de Scott Fitzgerald. Edgar Poe nest pas très loin, dans lunivers fantastique de Joe Varland prend le train. Le monde y est encore peuplé de jeunes gens riches et de jeunes filles trop belles et coquettes. Mais cette société, sûre delle, côtoie des dangers véritables, à la différence du texte précédent, et la mort est proche, même si on peut encore la tenir à distance, du moins pour les puissants de ce monde.
Si la dernière nouvelle, Le Démon, est la plus brève, cest en revanche la plus forte des trois. Scott Fitzgerald y dépeint la noirceur des âmes et létrange lien qui unit la victime à lassassin. Dans ce monde résolument clos, clos sur lui-même, enfermé dans la vengeance et la folie, aucun espoir nest possible, et le recueil ouvert sur limmensité dune haute mer paradisiaque se referme sur un paysage de neige glacée.
Par curiosité on aimerait savoir quel fil léditeur a vu en rassemblant ces trois textes : volonté de montrer les diverses facettes du talent de lauteur
ou simple hasard dû aux circonstances?
Ces trois courts textes qui font un mince recueil, et qui ne constituent pas le meilleur de Fitzgerald, incitent à reprendre ses autres nouvelles, en particulier Un diamant gros comme le Ritz. Histoire de Pat Hobby et autres nouvelles, et à retrouver cet auteur qui, en quelques pages, campe avec efficacité tout un monde perdu, où lélégance voisine avec le désespoir et dont les héros savent, sans se lavouer ni nous lavouer, que tout ceci ne peut que très mal finir.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 13/08/2004 ) Imprimer | | |
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