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Poches -> Littérature |
| Jean-Denis Bredin Et des amours desquelles nous parlons... Le Livre de Poche 2006 / 4.50 € - 29.48 ffr. / 122 pages ISBN : 2-253-11106-6 FORMAT : 11x18 cm
Première publication en avril 2005 (Fayard). Imprimer
Ecrites dans les années soixante, ces pages retrouvées au fond dun tiroir parlent dun monde oublié, dun temps où lamour se gagnait au prix dune longue conquête faite de galanterie, de lettres, de conversations, de rituels qui avaient le mérite de retarder labandon. Et pourtant, le meilleur de lamour nest-il pas dans ses commencements, dans ce mélange de patience et de doute ? Cette manière dêtre peut paraître démodée, elle ne devrait pas lêtre.
Claude, étudiant bourgeois va aimer trois femmes, trois figures dun possible bonheur : Agnès, Judith, Estelle. Il fait à chacune une cour assidue, «attend un geste, un mot», craint de tout gâcher et, comme Julien Sorel, simpose des défis. Ses maladresses, ses silences, sa fragilité suscitent chez ces femmes originales et passionnées des attentions, «des sacrifices qui lattachent davantage à lui». Ce sont elles qui prennent les initiatives, qui se donnent et font durer. Romanesque par nature, Claude cherche en elles plus quelles ne sont : des héroïnes, des muses
Mais trop espérer précipite le temps de la désillusion. Agnès, la compagne «obstinément fidèle», quitte tout pour Claude. Avec le temps, elle senferme dans une mélancolie sans issue, vit plus de souvenirs que de projets. Judith, la «gauchiste» mariée à un chirurgien, se montre popote, mondaine, fatigante. «Les voici des bûcherons de lamour».
Une rupture annoncée par reculades courtoises, lâchetés, fausses promesses. Après une résurrection dans les bras de lintrépide Estelle, le dégoût sinsinue. Le corps à corps vire au cauchemar. Claude néprouve soudain «plus rien, ni désir, ni tendresse». Déprimé, il sent quen lui la vie sépuise. A travers toutes ces femmes, peut-être na-t-il poursuivi quune chimère ? De sa soif de plaisir ne reste quun goût damertume. Lécriture élégante et raffinée de Jean-Denis Bredin se nourrit dun souffle poétique qui restitue sans complaisance les intermittences du cur. A la lecture de ce roman bref mais intense, lenvie nous prend de ne pas gâcher nos vies, de réapprendre à séduire. Comme lécrit le vieux Ronsard : «Donc aimez-moi, cependant quêtes belle».
Emmanuelle de Boysson ( Mis en ligne le 16/07/2006 ) Imprimer | | |
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