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Idylle solaire au Botswana
Norman Rush   Accouplement
Le Livre de Poche 2008 /  8 € - 52.4 ffr. / 793 pages
ISBN : 978-2-253-12426-9
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Traduction de Marianne Véron.

Première publication française en août 2006 (Fayard).

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Né en Californie en 1933, Norman Rush a mené plusieurs métiers (vendeur de livres anciens, enseignant) ; il a vécu en Afrique entre 1978 et 1983 et réside actuellement à New York. En 1986, il écrit un premier recueil de nouvelles (Whites / Les Blancs, Flammarion, 1988,), mais ce n’est qu’en 1991 qu’il fait paraître son premier roman, Accouplement (Mating), salué d’emblée par la critique américaine et récompensé par le National Book Award.

L’action se passe au Botswana, que Norman Rush connaît bien. Le récit est écrit à la première personne par une jeune anthropologue qui observe avec une cruauté ironique et scientifique ses contemporains. Le roman s’ouvre sur la description des blancs au Botswana et de leurs comportements. Dès les premiers mots le ton est donné : «En Afrique on veut plus, je pense. Les gens y sont pris d’avidité. (…) Bien entendu, je parle ici des blancs en Afrique, et non des noirs africains. Le noir africain moyen est confronté au problème inverse : il ne veut jamais assez.»

En 790 pages serrées, Norman Rush démonte avec brio un «paradis» africain. Le roman commence sur un ton de comédie, la jolie anthropologue, à l’issue de ses campagnes sur le terrain, étant décidée à prendre du bon temps avant de rentrer au pays pour soutenir sa thèse, et entrer de plein pied dans la vie adulte à trente deux ans. Elle entend parler d’une expérience menée dans le Kalahari, loin de tout regard curieux, par un certain Nelson Denoon. Sa rencontre avec lui lors d’une fête lui donne l’envie de le rejoindre, lui qu’elle surnomme «le démocrate solaire», à Tsau, au cœur du Kalahari, dans ces retranchements interdits à tout blanc. Surmontant des difficultés diverses, traversant le désert, seule avec deux ânes, elle parvient à ses fins.

Commence alors le coeur du roman : la description de la société utopique fondée par Denoon : un village de femmes, où les hommes sont minoritaires dans tous les sens du terme, et où toutes les tâches sont partagées. Obsédée par Denoon, la narratrice n’en conserve pas moins ses habitudes d’anthropologue et note scrupuleusement la vie quotidienne du village, tout en vivant une passion inégalement partagée. L’utopie est séduisante mais… elle rejoint la liste longue des réalisations impossibles dans la durée. Qu’il existe ou non, on finit toujours par sortir ou se faire expulser du paradis terrestre…

Le personnage de Nelson Denoon, dessiné par touches intelligentes, hésite constamment entre le gourou illuminé, rescapé d’une enfance malheureuse, et le manipulateur pervers. Tsau, village africain idéal selon des canons occidentaux, laisse tout autant le lecteur indécis sur ce qu’il doit penser… L’art du romancier est là, dans cette réalité multiforme qu’il présente par touches et facettes, en déplaçant insensiblement les points de vue et perspectives, pour le plus grand plaisir du lecteur qui se laisse entraîner, et dont on sollicite à la fois l’intelligence, l’humour et la sensibilité.

Le roman de Norman Rush brasse des récits divers sur fond d’analyse critique de la situation africaine, et la maîtrise de son texte est impressionnante ; ceci étant, le lecteur a parfois du mal à sauter sans transitions de considérations philosophiques à des scènes passionnées, entrecoupées d’épisodes comiques (comme celui de la visite inopinée des deux comédiens anglais), le tout sur fond de description anthropologiques ironiques. Un grand roman, qui se mérite…


Marie-Paule Caire
( Mis en ligne le 03/11/2008 )
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