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Froide mort
Carmen Posadas   Petites infamies
Seuil - Points 2001 /  6.41 € - 41.99 ffr. / 303 pages
ISBN : 2-02-049992-4
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Après Les mouches bleues, Carmen Posadas nous propose un nouveau roman au style différent, une histoire de crime étrange. Tout commence par la mort "accidentelle" de Nestor Chaffino, cuisinier argentin travaillant à Madrid. Un stupide accident domestique ? Nestor croit s'enfermer tout seul dans une chambre froide, mais cet accident n'en est pas un. Nestor a été victime de son destin. Un destin qui a ligué contre lui quatre "T", conformément à la prédiction de Mme Longstaffe, voyante brésilienne.

Les quatre "T" sont Sérafin Tous, Adela et Ernesto Teldi, et Chloé Triàs. Serafin Tous, juge de renom, voit resurgir, après le décès de sa femme, son attirance prononcée pour les jeunes garçons aux cheveux blonds coupés en brosse. Alors qu'il prend un verre au Nuevo Bachelino en virile compagnie, il croise le regard de l'infortuné Nestor Chaffino venu rendre visite à son collègue tenancier du bar. Adela Teldi rencontre Carlos Garcià, son neveu, qu'elle ne reconnaît pas, commis de Nestor : commence alors une folle histoire d'amour incestueuse. Ernesto Teldi, lui, est un amateur d'art au passé trouble. Depuis qu'il a quitté l'Amérique du Sud avec sa femme, Adela, il essaye à tout prix de faire oublier ses amitiés passées avec les militaires argentins. Mais, depuis quelques jours, il reçoit des lettres de menaces d'un certain cuisinier argentin. Quant à Chloé Triàs, elle n'a rien à reprocher à ce pauvre cuisinier. Elle a perdu son frère, et depuis, elle ne fait que se rebeller contre l'autorité parentale.

Pourtant, les quatre ne comploteront en aucune manière le crime. Le cours des événements fera que, naturellement, Nestor ne pourra pas empêcher la porte de la chambre froide de se refermer sur lui. Tout cela est conté avec une pudeur propre au milieu que Carmen Posadas décrit, un milieu bourgeois, où les anciennes histoires de famille, d'adultère, se mêlent aux mondanités. On voyage de Madrid à Buenos Aires, et les fantômes poursuivent les personnages. Il règne un climat de superstition générale sur les protagonistes qui n'arrivent jamais à conjurer le sort.

On a du mal toutefois à comprendre pourquoi le livre ne nous embarque jamais dans le récit. Le suspense est mou. La mort de Nestor est aussi médiocre et proprette que la vie de ceux qui la désirent. Le récit est élégant, peut-être un peu trop justement. On aimerait un peu plus de tempérament : où donc se niche la passion latine des personnages ? On ne ressent qu'une moiteur impalpable, une angoisse latente qui n'atteignent jamais le paroxysme.
Même le stratagème de la fin du livre ne nous convainc pas, malgré une narration de qualité.

Petites infamies se laisse lire, mais ne fait pas partie des oeuvres qui vous tiendront éveillé jusqu'à l'aube. Ce roman permet néanmoins de faire connaissance avec Carmen Posadas, écrivain hispanique de talent, dont nous attendrons le prochain livre avec intérêt.


Thierry Moulay Mehdi
( Mis en ligne le 29/06/2001 )
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