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N’oubliez jamais
Tatiana de Rosnay   Elle s’appelait Sarah
Le Livre de Poche 2008 /  6.95 € - 45.52 ffr. / 416 pages
ISBN : 978-2-253-12208-1
FORMAT : 11x18 cm

Première publication en mars 2007 (Editions Héloïse d'Ormesson).

L'auteur de l'article : Agnès Abécassis est écrivain et journaliste (www.agnesabecassis.com).

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Non, elle n’est pas juive, et pourtant on lui a beaucoup demandé, à Tatiana de Rosnay, pourquoi elle avait écrit sur un sujet qui a priori «ne la concernait pas». Sa réponse cinglait alors, avec la force de l’évidence. Il s’agissait d’un moment faisant partie intégrante de l’histoire de France. C’était donc aussi son histoire. De plus, elle réalisait qu’on ne lui avait jamais enseigné, à l’école, en quoi avait consisté précisément la rafle du Vel’d’Hiv. Son sang de mère s’est glacé lorsqu’elle a finalement appris, des années plus tard, ce qui s’était passé le 16 juillet 1942, en plein cœur de Paris. Alors elle a souhaité en faire une histoire.

Ne se prétendant pas historienne, son récit s’est construit sous la forme d’un roman. Mais un roman soigneusement documenté, précis dans la description de faits rigoureusement authentiques, qui se sont déroulés comme elle le raconte. Seuls les personnages ont été inventés. C’était sa façon à elle de témoigner, de raconter à ceux qui comme elle ne savaient pas, que des policiers français, et non des nazis, ont arrêté et envoyé à la déportation 4200 enfants, également français, sous le seul prétexte qu’ils étaient juifs. Des enfants et des femmes, alors que le gouvernement allemand n’avait réclamé que des hommes. Un zèle abominable, sous l’œil parfaitement indifférent des riverains.

Dans son récit, deux existences s’entrecroisent. Celle de Sarah, petite fille juive qui enfermera à clé, pour le protéger, son petit frère dans le placard secret de leur appartement, juste avant d’être raflée avec son père et sa mère. Elle n’aura de cesse d’échapper à ses bourreaux pour aller le délivrer. Et puis il y a Julia, une journaliste américaine en proie à des problèmes conjugaux, qui s’apprête à s’installer dans l’appartement de ses beaux-parents. Lequel était précisément celui où Sarah a vécu avec ses parents. Menant l’enquête pour son journal à l’occasion du 60e anniversaire de la rafle du Vel’d’Hiv, la jeune femme devient très vite hantée par le sort de la petite fille dont elle cherche à retrouver la trace.

L’histoire prend aux tripes. Impossible de ne pas verser quelques larmes, tant Tatiana de Rosnay s’y entend pour dépeindre, tout en nuances, les sentiments et les émotions qui animent chaque personnage. Leurs doutes, leurs espoirs, leurs révoltes et leurs interrogations ne laissent pas le lecteur indifférent. Et son histoire, profonde, bouleversante et émouvante a, semble-t-il, touché quelques cœurs : les droits du livre ont déjà été vendus dans plus de 17 pays, et un réalisateur français va bientôt l’adapter au cinéma. Un livre magnifique, sensible et marquant.


Agnès Abécassis
( Mis en ligne le 05/06/2008 )
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