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Le roi Donner
Christophe Donner   Un roi sans lendemain
Le Livre de Poche 2009 /  6.05 € - 39.63 ffr. / 377 pages
ISBN : 978-2253126584
FORMAT : 11cm x 18cm

Première publication en août 2007 (Grasset).

L’auteur de l’article : Arnaud Genon est docteur en littérature française, diplômé de l’Université de Nottingham Trent (PhD). Membre du Groupe «Autofiction» ITEM (CNRS-ENS), cofondateur du site herveguibert.net, il est aussi l'auteur, chez l'Harmattan, de Hervé Guibert. Vers une esthétique postmoderne (2007).

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Christophe Donner s’était fait, dans les années 90, le chantre d’une écriture du moi, le héraut de l’autofiction, genre qu’il défendait avec talent, tout autant par ses livres que par sa voix (Christophe Donner est aussi journaliste et critique littéraire). Pour preuve, en 1992 et en digne héritier d’Hervé Guibert, Donner n’hésitait pas à régler ses comptes familiaux dans L’esprit de vengeance (Grasset), puis, quelques années plus tard, il se faisait pamphlétaire dans Contre l’imagination (Fayard, 1998), essai au titre évocateur.

Alors, le lecteur reconnaîtra rapidement sous les traits d’Henri Norden, le personnage principal d’Un roi sans lendemain, la figure de l’auteur. En effet, l’utilisation du pseudonyme anagrammatique, auquel s’ajoute l’emploi de la troisième personne (fait rare chez Donner) ne dissimule pas – volontairement – ce jeu de masque qui se joue de lui-même. Dès les premières lignes, non sans humour, le narrateur nous apprend qu’Henri est envahi par «le désir fou d’en finir avec l’autobiographie, en finir avec tout ce travail d’introspection…». Plus loin, il nous explique que les récits «farouchement autobiographiques» d’Henri «lui avaient valu une réputation d’ennemi du roman, réputation à laquelle il avait fini par s’attacher»… Le personnage en vient même à se demander, suite à l’égarement de ses papiers, s’il n’a pas perdu son identité. L’important n’est évidemment pas de dévoiler ce faux secret concernant l’identité du personnage, mais de simplement révéler l’aspect savoureusement spéculaire de l’ensemble du roman.

Car le roman est avant tout l’histoire d’un film, plus précisément de l’écriture d’un scénario sur Louis XVII – fils de Louis XVI et de Marie Antoinette – qu’entreprend Norden à la demande d’une richissime productrice. Tout au moins, le scénario est le prétexte à l’écriture du roman historique passionnant qui nous est donné à lire. A travers les lectures, les conversations, les échanges épistolaires d’Henri avec les actrices, acteurs, avec la productrice, le narrateur nous emmène à Versailles, dans les galeries de l’Histoire, nous fait vivre la révolution comme jamais nous ne l’avions lue. Mais ici, la grande Histoire rejoint la petite histoire, celle des anecdotes, celle des hypothèses, celle des faits quotidiens. Jusqu’ici nous dit Norden, «les historiens […] ont menti sans l’ombre d’un remords». Alors, il faut redonner à l’Histoire toute sa vérité, il faut dire ce qui jusque-là était caché. Et pour tout nous dire de Louis XVII, il faut tout nous dire de celui que Norden suppose être son bourreau, Jacques René Hébert, dont il retrace l’enfance, le parcours, les humiliations, dont il dresse le portrait psychologique à la manière d’un véritable profiler.

Il faut bien le dire, on est happé par cette nouvelle histoire de la Révolution. Mais on pourrait croire alors que Donner a abandonné son cheval de bataille, qu’après nous avoir dit que la littérature la plus forte était celle du «moi», celle du vécu, il a plié face à la «dictature de l’imagination» (le moi est désormais, de nouveau, haïssable). A la lecture, on comprendra cependant que Christophe Donner est fidèle à sa parole, car à travers ses personnages, c’est lui qu’il peint. Ainsi, l’acteur pressenti pour interpréter Hébert dira à Norden : «Tu me demandes de jouer ce rôle parce que Hébert c’est un peu toi, non ?» Donc, le détour par la fiction, quelle qu’elle soit, sert Donner et nous en dit beaucoup plus sur lui qu’il n’y paraît. Donner n’a rien perdu de son «esprit de vengeance» : son empire reste celui de la morale, historique et littéraire.


Arnaud Genon
( Mis en ligne le 30/09/2009 )
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