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Poches -> Littérature |
| Olivier Adam A l'abri de rien Seuil - Points 2008 / 6 € - 39.3 ffr. / 218 pages ISBN : 978-2-7578-1003-3 FORMAT : 11,0cm x 18,0cm
Première publication en août 2007 (L'Olivier). Imprimer
Une femme en pleine déprime au bord de la folie. Une vie qui senlise dans le quotidien, un amour qui suse sur les habitudes et les fins de mois difficiles
Des sièges en plastique sale dans les jardins mités et miteux des pavillons sinistres dune classe très moyenne dont lhorizon culturel semble borné par les quatre coins du petit écran
Une sur, morte, brutalement, une blessure qui ne se referme pas et qui suinte toute la vie. Seul soleil dans cette vie grise, des enfants aux grands yeux pleins de vie que lon aime et qui aiment, pleinement. Le tout narré avec une plume incroyable dévidence, comme si chaque mot, chaque phrasé, chaque point était celui quil faut pour nous plonger dans cette insondable tristesse. Pas de doute, cest bien du Olivier Adam.
Ceux qui ont déjà lu Falaises, Passer lhiver, ou Je vais bien, ne ten fais pas, retrouveront toutes ses figures, toutes sa virtuosité, toute sa déprime. Certains avec le plaisir du déjà vu, dautres avec le petit énervement du déjà lu.
Et puis le roman sécarte de lenfermement familial et de la seule reprise des anciennes recettes. Marie et sa famille habitent au bord de la Manche, face à lAngleterre qui fait rêver tous les réfugiés de la misère économique et de la violence politique du monde, ceux que, dans la région, on désigne sous le terme générique et méprisant de Kosovars. Dans ce Sangatte qui ne se nomme pas, ils sont là, corps souffrants et âmes désespérées, affamés, sales, perdus, angoissés, cherchant à passer coûte que coûte, au prix de leur vie. Couverts de maladies, poursuivis par une police qui les roue de coups, ils nont le réconfort que de quelques bonnes âmes qui les nourrissent, les soignent, les hébergent dans des centres de fortunes ou, illégalement, chez eux. Marie la déprimée viendra rejoindre Isabelle, la femme brisée à qui la vie a pris fils et mari, êtres blessés que leur malheur semble prédisposer à aider autrui.
Le roman est la rencontre de deux misères, deux souffrances, chacune soutenant lautre sans parvenir à la sauver, et même, au risque de se perdre. Approche originale de la violence sociale et politique de Sangatte, la dénonciation peine pourtant à se dégager du roman intimiste et perd alors en force ainsi quen émotion.
Mathilde Larrère ( Mis en ligne le 20/08/2008 ) Imprimer
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