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Poches -> Littérature |
| Nathan Englander Le Ministère des affaires spéciales 10/18 - Domaine étranger 2010 / 8.60 € - 56.33 ffr. / 475 pages ISBN : 978-2-264-05000-7 FORMAT : 11cm x 18cm
Traduction d'Élisabeth Peellaert
Première publication en août 2008 (Plon - Feux croisés) Imprimer
Une nuit de 1976, à Buenos Aires, Kaddish et son fils Pato sescriment dans le cimetière juif à effacer au burin des noms inscrits sur des tombes, dans la partie du cimetière où se faisaient enterrer proxénètes et putains, qui voulaient malgré leurs activités peu recommandables de leur vivant, abritées sous le nom de «Société des Bienfaisants», se retrouver en terre juive à leur mort. Kaddish, éternel raté, fils dune juive de Poznan devenue putain, se fait rémunérer pour cette tâche par les descendants de la Société des Bienfaisants, peu soucieux quon relie leur fortune actuelle aux activités douteuses de leurs ancêtres. Lun deux, chirurgien esthétique renommé, paiera en nature en refaisant les nez de Kaddish et de son épouse, qui abandonnent ainsi (ou croient abandonner) une partie de leur identité et de leur hérédité. Mais là aussi lopération, dont Kaddish et Lillian attendaient tant, tourne à la catastrophe.
A partir de ce début picaresque, Nathan Englander tisse un récit baroque et terrifiant au cours duquel Kaddish (au nom prédestiné), son épouse Lillian et leur fils bien aimé Pato, vont être broyés par la dictature militaire, où tout va aller de mal en pis dans une catastrophe annoncée : celle de leurs destins mais aussi celle du pays tout entier. Pato, qui aurait dû réaliser tous les espoirs dascension sociale de ses parents, poursuit des études de sociologie à luniversité, lit Lénine, Lermontov et Martin Fierro. Son arrestation brutale entraîne Kaddish et Lillian dans un cauchemar qui les conduit à affronter les différents milieux argentins pour tenter une quête sans espoir. Ils rencontrent lhorreur des arrestations, de la torture, jusqu'à lélimination physique des opposants que, du haut davions, on jette nuitamment dans le fleuve.
Nathan Englander, juif né à New York, après un recueil de nouvelles édité en 10/18 (Pour soulager dirrésistibles appétits), construit un premier roman efficace, dans la lignée de Kafka et de toute la littérature de labsurde. Absurde au quotidien de la dictature, imprévisible, que seuls le rire et le déni peuvent exorciser dans une faible mesure. Un auteur à suivre.
Marie-Paule Caire ( Mis en ligne le 01/11/2010 ) Imprimer | | |
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