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La légende garibaldienne
Pierre Milza   Garibaldi
Hachette - Pluriel 2014 /  12 € - 78.6 ffr. / 731 pages
ISBN : 978-2-8185-0423-9
FORMAT : 10,9 cm × 17,7 cm

Première publication en août 2012 (Fayard)

L'auteur du compte rendu : Alexis Fourmont a étudié les sciences politiques des deux côtés du Rhin.

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«Il va, il court, sa marche est une traînée de flammes, sa poignée d’hommes méduse les régiments, ses faibles armes sont enchantées, les balles de ses carabines tiennent tête aux boulets de canon ; il a avec lui la Révolution».

Ainsi que le rappelle Pierre Milza dans sa belle et riche biographie consacrée à Giuseppe Garibaldi (1807-1882), c’est en ces termes dithyrambiques que Victor Hugo saluait naguère le héros des Deux-Mondes. Il faut rappeler que Garibaldi mena une vie sinon extraordinaire, du moins fort romanesque. En Europe comme en Amérique, ses faits d’arme marquèrent à ce point l’histoire que d’aucuns évoquent une véritable «légende garibaldienne» (Jean-Yves Frétigné), à mi-chemin entre histoire et mémoire. Avec force détails, le professeur Milza retrace la vie du célèbre condottiere en dévoilant les sacrifices et les peines qui l’ont rendue possible.

Né à Nice au début du XIXe siècle, Garibaldi devint rapidement officier dans la marine marchande, avant d’entrer dans la marine du Royaume de Sardaigne. Acquis aux idées républicaines, il se rapprocha en 1833 du mouvement mazzinien Jeune-Italie. A la suite d’une tentative de soulèvement à Gênes, Giuseppe Garibaldi dut prendre la fuite en Amérique du Sud, où il s’établit entre 1836 et 1848. Garibaldi y trouva l’amour de sa vie, la Brésilienne Anna Maria Ribeiro de Silva (1821-1849), laquelle l’appuya activement dans chacune de ses luttes.

Après avoir d’abord soutenu l’insurrection de la république du Rio Grande do Sul, laquelle tentait de s’émanciper de l’étouffante tutelle de l’empereur du Brésil, Giuseppe Garibaldi aida l’Uruguay à défendre son indépendance contre le dictateur argentin Rosas. Pour ce faire, Garibaldi fonda une légion de volontaires italiens, les Chemises Rouges, qui s’illustrèrent lors de nombreuses batailles comme celle de Sant‘Antonio en 1846. L’héroïsme de Garibaldi et de ses compagnons d’arme trouva un écho de plus en plus grand de par le monde. De retour en Italie en 1848, se rapprochant du roi Charles-Albert, Garibaldi fit passer l’objectif de réalisation de l’unité italienne avant ses idées républicaines. A la suite de ses combats contre l’Autriche, il dut néanmoins se réfugier un temps en Suisse.

Giuseppe Garibaldi ne tarda toutefois pas à revenir en Italie et plus précisément à Rome, où il ferrailla contre les troupes françaises dirigées par Oudinot. Le pape avait en effet été mis en fuite par le peuple de la ville éternelle qui s’était donné une république. Lors du combat du Janicule, à la fin du mois d’avril 1849, le héros des Deux-Mondes défit les Français, puis les Napolitains. Cependant, ces succès ne suffirent pas, puisque Rome finit par tomber. Le condottiere fut alors pourchassé par les troupes françaises, autrichiennes, espagnoles et napolitaines. Au cours de cette pénible retraite, son épouse décéda. La mort dans l’âme, Garibaldi s’exila outre-Atlantique. Toutefois, l’expérience new-yorkaise de Garibaldi ne s’éternisa pas.

Giuseppe Garibaldi rentra en Italie dès 1854. Il s’acheta une petite île (Caprera), située entre la Corse et la Sardaigne. Politiquement, le héros italien ne demeura pas passif. A partir de 1856, il se rapprocha de Victor-Emmanuel II et de Cavour. Mais ce ralliement ne fut pas sans difficulté… Garibaldi n’affirmait-il pas être «un oiseau des bois, (et non) pas un oiseau de cage» ? A la tête du corps des chasseurs des Alpes, il prit néanmoins part à la campagne de 1859. Il vainquit les Autrichiens à Varese, s’empara de Brescia, puis se rendit en Toscane. Le monarque italien exigea cependant du Niçois qu’il renonce à y déclencher une insurrection.

Courroucé par l’abandon de Nice à la France, Giuseppe Garibaldi poursuivit tout de même sa collaboration avec Victor-Emmanuel II. Ainsi, au printemps 1860, il se rendit avec les Mille en Sicile pour délivrer l’île et le sud de la péninsule de la mainmise des Bourbons de Naples. Prenant pour devise «Italia e Vittorio Emanuele», le héros des Deux-Mondes se proclama dictateur de Sicile. Après quelques victoires, Garibaldi salua le monarque piémontais du titre de roi d’Italie, puis à ses côtés il fit une entrée triomphale dans Naples. Il se retira ensuite à Caprera. En 1862, dans le dessein de faire de la ville éternelle la capitale de l’Italie unifiée, il tenta seul d’envahir les États pontificaux. Sous la pression de Napoléon III, les troupes du gouvernement royal l’en empêchèrent lors de la bataille d’Aspromonte, durant laquelle il fut blessé au pied.

Fait prisonnier, Giuseppe Garibaldi fut rapidement amnistié. Ensuite, il joua un rôle mineur au cours de la campagne de 1866, puis il organisa une nouvelle expédition pour libérer Rome. Le Niçois fut battu, il dut alors chercher refuge en Toscane, où il fut arrêté par le gouvernement italien et renvoyé à Caprera. Quelques années plus tard, le condottiere tenta d’aider la France contre la Prusse. Accompagné de ses fils Menotti et Ricciotti, Giuseppe Garibaldi accourut en effet pour secourir le gouvernement de la défense nationale. Il combattit en Bourgogne, où il remporta la seule victoire de la guerre sur l’armée allemande, mais son passé de révolutionnaire lui attira une extrême méfiance de la part des généraux français. Élu député en février 1871, il fut conspué par l’assemblée réunie à Bordeaux. Les élus conservateurs lui reprochaient notamment d’être étranger.

Ce qui provoqua l’ire de Victor Hugo. A la tribune de l’assemblée, le poète défendit vigoureusement le héros des Deux-Mondes. Lui rendant un hommage appuyé, Victor Hugo affirma notamment que «la France venait de traverser une épreuve terrible, d’où elle était sortie sanglante et vaincue», mais qu’il était possible d’«être vaincu et (de) rester grand ; la France le prouvait. La France accablée, en présence des nations, avait rencontré la lâcheté de l’Europe. De toutes les puissances européennes, aucune ne s’était levée pour défendre cette France qui, tant de fois, avait pris en main la cause de l’Europe, pas un roi, pas un État, personne ! un seul homme excepté. Ah ! les puissances, comme on dit, n’étaient pas intervenues ; eh bien, un homme était intervenu, et cet homme était une puissance. Cet homme, messieurs, qu’avait-il ? (…) Son épée, et cette épée avait déjà délivré un peuple, et cette épée pouvait en sauver un autre. Il l’avait pensé ; il était venu, il avait combattu».

Les discours enflammés de Victor Hugo n’y firent rien. Le mandat de Giuseppe Garibaldi fut finalement invalidé par la chambre. Le Niçois revint donc à Caprera, puis refusa le commandement en chef de la garde nationale de la Commune de Paris. Giuseppe Garibaldi fut élu député de Rome en 1874, mais il ne joua désormais plus qu’un rôle politique limité. Le héros des Deux-Mondes consacra les dernières années de sa vie à la rédaction de ses Mémoires, lesquels parurent en 1888.


Alexis Fourmont
( Mis en ligne le 23/09/2014 )
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