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La machine à remonter le temps
Yves Coppens   L'Histoire de l'Homme - 22 Ans d'amphi au Collège de France (1983-2005)
Odile Jacob - Poches 2010 /  8.40 € - 55.02 ffr. / 246 pages
ISBN : 978-2-7381-2407-4
FORMAT : 11cm x 18cm

Première publication en avril 2008 (Odile Jacob)

L'auteur du compte rendu : Scénariste, cinéaste, Yannick Rolandeau est l’auteur de Le Cinéma de Woody Allen (Aléas) et collabore à la revue littéraire L'Atelier du roman (Flammarion-Boréal) où écrivent, entre autres, des personnalités comme Milan Kundera, Benoît Duteurtre et Arrabal.

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Yves Coppens, qui a pris la suite, au Collège de France, de l’abbé Breuil, de Teilhard de Chardin, et de Leroy-Gourhan, les grands maîtres français de la préhistoire, a accompli un parcours exceptionnel. En 1956, il entre au CNRS à 22 ans. À partir de 1960, il monte des expéditions au Tchad, en Éthiopie, puis en Algérie, en Tunisie, en Mauritanie, en Indonésie et aux Philippines. En 1965, il découvre un crâne d'hominidé à Yaho (Angamma, Tchad) qu'il nomme Tchadanthropus uxoris en hommage au pays de sa découverte (un fossile rapproché de l'Homo erectus). Il devient maître de conférences au Muséum national d'histoire naturelle en 1969, puis obtient la sous-direction du Musée de l'Homme. Il est nommé directeur et professeur au Muséum pour 3 ans en 1980, ainsi que directeur d'étude à l'École pratique des hautes études. Il est élu à la chaire de paléontologie et préhistoire au Collège de France en 1983. En 2006, il est nommé au Haut Conseil de la science et de la technologie. Il est membre de l'Académie des sciences, de l'Académie de médecine, de l'Académie des Sciences d'Outremer et de l'Academia Europaea. Une sommité.

Depuis un demi-siècle, la paléoanthropologie n’a cessé de progresser, avec la découverte de nouveaux fossiles, comme celui de Lucy, mais surtout grâce à l’apport de nouvelles méthodes scientifiques. C’est ce bond en avant du savoir sur nos origines que retrace ici Yves Coppens dans ces cours donnés au Collège de France. Les leçons réunies ici constituent un document pour mesurer le renouvellement qu’a connu cette discipline essentielle pour la connaissance que l’humanité a d’elle-même.

L'ouvrage d'Yves Coppens est divisé en deux parties : les leçons et les séminaires. Les leçons constituent la majeure partie du livre et se subdivisent en trois parties. Le premier propose six leçons sur l'histoire de l'homme dans l'ordre chronologique ; la seconde reprend ce parcours en y ajoutant les découvertes récentes ; le troisième regroupe les leçons sur l'environnement, les comportements culturels et quelques aspects de l'histoire des sciences. Les séminaires, quant à eux, sont réunis sous cinq rubriques : paléoanthropologie, préhistoire, environnement, techniques et histoire. Une machine à explorer le temps dans laquelle Yves Coppens nous embarque.

L'histoire des primates s'écrit en trois périodes : la première est européenne et nord-américaine, le Crétacée, le Paléocène et l'Eocène (70 à 35 millions d'années). La seconde, européenne, nord-américaine et asiatique, date d'une cinquantaine de millions d'années. Et la troisième, vieille aussi de 50 millions d'années, est représentée par les petits Tarsiens d'Asie tropicale, singes de l'ancien et du nouveau monde, et les hommes. Le premier sous-ordre, fossile, est celui du Plésiadapiformes (en France par les Plesiadapis du Paléocène supérieur de la région de Reims (mammifères euthériens), puis un second, celui des Strepsirhiniens, qui commence avec les adapiformes (l'Adapis de Montmartre pour aboutir au Lémuriformes d'Afrique continentale) et enfin un troisième sous-ordre, celui des Haplorhiniens, regroupant les Tarsiiformes et les Simiiformes (primates évolués et supérieurs). Ce sont ces derniers qui nous intéressent.

L'isolement éocène du continent africano-arabe pourrait être responsable de la différenciation des Simiiformes ou Anthropoidea. A partir de cette souche, ces nouveaux primates vont se diversifier, se répandre et atteindre l'Amérique du sud. Ces migrants donnent naissance à un groupe, les Platyrhiniens, alors qu'en Afrique se construit un autre groupe, les Catarhiniens, qui va tenter de se développer dans deux directions, celle des petits singes à queue (les Cercopithecoidea) et celle des Grands singes sans queue (les hominoïdea). Ce sont eux, il y a 30 millions d'années, qui aboutissent à l'Homme (Hominidés).

Ces premiers hominidés apparaissent en Afrique dans le gisement de Fayoum. Le tout premier s'appelle Aegyptopithecus. Son descendant pourrait être le Proconsul (classé dans les Dryopithecida au Miocène inférieur et moyen) il y a 22 millions d'années au Kenya et en Ouganda (taille d'un Gibbon ou d'une petit gorille). Ce Proconsul donnera naissance à la grande diversité des Dryopithèques, puis aux Hominoïdés (Kenyapithecus, Sivapithecus puis Australopithecus). Suivront au fur et à mesure l'Homo habilis (1,9 et 1,6 millions d'années), l'homo erectus (1,7 millions et 400 000 ans) et enfin l'homo sapiens (400 000 ans). Puis bien sûr, l'homme même, l'homo sapiens sapiens (200 000 ans).

Selon l'hypothèse environnementaliste de l'origine des Hominidae, appelée aussi l'East Side story, à la fin du miocène (8 millions d'années), les ancêtres communs aux Hominidae et aux Panidae vivaient de l'Atlantique à l'océan Indien : la Rift valley, en place depuis l'Oligocène, a connu une intense activité qui s'est traduite par le relèvement de toute la partie se trouvant à l'est de la faille : l'Afrique orientale. C'est la cassure Nord-Sud qui voit le soulèvement de la lèvre occidentale de la branche occidentale, divisant en deux parties la ceinture équatoriale, l'ouest (de l'Atlantique à la faille) et l'est (de la faille à l'océan indien). Il s’ensuit un développement séparé des hominoïdés de l'Ouest en paysage couvert, humide et de ceux de l'est, en zones moins arrosées. Ce relèvement entraîne d'inévitables transformations du climat, l'installation d'un régime saisonnier, celui des moussons, et un éclaircissement consécutif du paysage. Dans cette hypothèse, les Panidae (gorilles, chimpanzés) font figure de descendants des ancêtres communs dont l'adaptation au milieu arboré n'a fait que s'améliorer, et les Hominidae (australopithèques et hommes) de descendants qui ont dû s'adapter à un milieu (redressement du corps, complication du cerveau, transformation de la denture, organisation de la société, développement des communications, aménagement de l'outil).

Adressé à un public universitaire et de spécialistes, le livre découragera peut-être par sa densité et la complexité de ses informations le lecteur plus amateur et moins informé. Il n'en est pas moins indispensable ; un livre qu'on lit et relit au fur et à mesure que l'on se passionne pour cette période. N'oublions pas qu'il y a là quasiment la somme d'une vie de recherche !


Yannick Rolandeau
( Mis en ligne le 01/06/2010 )
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