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Sept patriciennes, une coupable
Steven Saylor   La Dernière Prophétie
10/18 - Grands détectives 2005 /  7.80 € - 51.09 ffr. / 342 pages
ISBN : 2-264-03968-X
FORMAT : 11x18 cm
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Le roman policier historique est un genre en vogue, et la collection «Grands Détectives» chez 10-18 offre plusieurs exemples d’enquêtes se déroulant à diverses époques, dans des lieux aussi variés que la Chine du juge Ti ou l’Angleterre médiévale de Cadfaël, en passant par l’Egypte, la Grèce ancienne, et le Paris de l’époque de Louis XV ou du dix-neuvième siècle…

Parmi les auteurs situant leurs intrigues dans la Rome antique, Steven Saylor occupe une place de choix, liant des scénarios souvent subtils à une irréprochable érudition historique. L’écrivain, né au Texas en 1956, est en effet diplômé d’histoire et d’études classiques de l’université du même Etat. Il a été rédacteur en chef du Sentinel de San Francisco, puis agent littéraire, avant de se lancer dans l’écriture. Sa bonne connaissance de l’antiquité romaine lui a permis de créer, en 1991, avec Roman Blood (traduction française, Du sang sur Rome, Ramsay, 1997), puis 10-18, 1998), la série des Mystères de Rome (dite aussi Roma sub rosa), qui comprend déjà 11 volumes, dont le dernier, un recueil de nouvelles intitulé A gladiator dies only once, vient juste de paraître aux Etats-Unis.

La Dernière prophétie est la huitième aventure de Gordianus le Limier, traduite en français. Le personnage, généreux et attachant, le «dernier honnête homme de Rome» aux dires de Cicéron qui a plusieurs fois eu affaire à ses services d’enquêteur, n’est plus le jeune homme fougueux des débuts de la série, qui commençait sous la dictature de Sylla. Nous sommes maintenant en 48 av. J.-C., en plein cœur de la guerre civile qui oppose César et Pompée, à la veille de la décisive bataille de Pharsale, et notre héros a atteint l’âge mûr. Il s’est éloigné de ses deux fils adoptifs (et anciens esclaves) Eco et Méto, surtout du dernier, devenu un intime de Jules César et qui risque sa vie dans le conflit fratricide. Seule sa fille Diana, âgée de vingt-deux ans, vit encore avec lui, en compagnie de son époux Davus, affranchi et robuste garde du corps de Gordianus. Son épouse judéo-égyptienne Béthesda, ancienne esclave elle aussi, est atteinte d’une maladie mystérieuse qui rend l’ambiance de la maisonnée fort morose.

C’est dans ce contexte troublé que notre héros se trouve gagné par le démon de midi et s’amourache d’une mystérieuse et belle jeune femme, qui prétend avoir oublié son passé, est considérée comme folle et entre régulièrement dans des transes spectaculaires avant de proférer d’impressionnantes prophéties. On l’appelle Cassandre, comme la malheureuse princesse troyenne qui avait prédit en vain la chute de sa cité. Mais un jour Cassandre meurt, sur le marché du Capitole, dans les bras de Gordianus à qui elle murmure cette terrible phrase : «elle m’a empoisonnée». Le limier le plus célèbre de Rome décide alors d’enquêter. Sa curiosité redouble lorsque sept femmes parmi les plus riches, les plus éminentes et les plus influentes de Rome, dissimulées derrière les rideaux de leur litière, arrivent à la nécropole avec leur suite pour assister à la crémation. Il y a là Térentia, la pieuse et respectable femme de Cicéron, accompagnée de sa fille Tullia et de sa sœur la Vestale Fabia. Viennent ensuite Antonia et Cythéris, respectivement épouse et maîtresse de Marc Antoine. Sont présentes également Fulvia (deux fois veuve de l’agitateur Clodius et de Curion, lieutenant de César) accompagnée de sa mère Sempronia, Fausta (fille aux mœurs légères du dictateur Sylla et épouse de Milon, meurtrier de Clodius), Clodia (la scandaleuse sœur et peut-être amante de Clodius, célébrée par le poète Catulle, et pour qui Gordianus a éprouvé dans ses précédentes aventures une indéniable fascination amoureuse), et, pour finir, Calpurnia, l’épouse du grand César lui-même. Diana, l’intelligente fille de Gordianus, lui murmure alors à l’oreille : «Cela ne fait aucun doute, c’est l’une d’elles. Tu sais, c’est certainement l’une de ces femmes qui l’a assassinée».

Gordianus va donc interroger tour à tour ces nobles dames, et en apprendre progressivement un peu plus sur le lien entre ces patriciennes et la mystérieuse Cassandre. Le récit de ces conversations alterne avec des réminiscences de ses différentes rencontres avec la prophétesse, et l’on pressent vite que Gordianus a lui aussi quelque chose à cacher…

L’intrigue, haletante et bien menée, nous plonge dans les luttes politiques de la Rome tardo-républicaine, en accordant une place non négligeable à celles que l’histoire officielle ignore bien souvent, les femmes. Mais l’auteur ne perd pas de vue la vraisemblance historique. De nombreux épisodes du roman se basent sur des sources anciennes, comme la tentative de déstabilisation opérée par le fougueux Marcus Caelius. Dans une note en guise de postface, Steven Saylor prend soin d’ailleurs de citer ces sources (Velleius Paterculus, Tite-Live, Dion Cassius et César lui-même) ainsi que les travaux d’historiens contemporains sur lesquels il s’est appuyé pour écrire son roman. Il nous donne aussi quelques indications sur la destinée de certains personnages, comme Fulvia qui finit par épouser Marc-Antoine (celui-ci ayant entre-temps divorcé d’Antonia qui le trompait avec Dolabella, l’époux de Tullia, fille de Cicéron) pour qui elle sera, jusqu’à sa mort, un soutien actif contre Octave, malgré l’idylle de son mari avec Cléopâtre, la dernière souveraine Lagide d’Egypte.

C’est au reste vers ce pays que se dirige à la fin du roman Gordianus, espérant y découvrir un moyen de guérir sa chère épouse Béthesda. Le début d’une nouvelle aventure qui nous est contée dans The Judgment of Caesar, dont on attend avec impatience la traduction en français…


Sébastien Dalmon
( Mis en ligne le 21/10/2005 )
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