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Poches -> Science-fiction |
| Eoin Colfer H2G2. Encore une chose... Gallimard - Folio SF 2011 / 7,30 € - 47.82 ffr. / 414 pages ISBN : 978-2-07-039956-7 FORMAT : 11cmx18cm
Première publication française en mars 2010 (Denoël - Lunes d'encre)
Traduction de Michel Pagel Imprimer
Il y a des suites qui ne coulent pas forcément de source : celle de H2G2, le Guide du routard galactique, est un bon exemple : 1 lauteur, Douglas Adams, est mort et na pas laissé de ''Mémoires doutre-tombe'' ou autres manuscrits posthumes. 2 cette trilogie comportait déjà 5 volumes, ce qui excède sa définition même et en fait un objet improbable. 3 Douglas Adams, auteur vicieux, sétait débarrassé de ses héros au terme dune manuvre scénaristique discutable, mais imparable
Il existe, sûrement, quelque part, dans un autre continuum spatio-temporel, de bonnes raisons supplémentaires, lesquelles sont également nanties de contre-arguments tout autant légitimes. Restons-en là pour constater demblée que personne nattendait vraiment de suite à la trilogie (en 5 tomes, on ne le répètera jamais assez) du routard galactique. Mais pour une série qui a construit en partie son succès sur le principe dun moteur générant de limprobabilité (celui du vaisseau Cur en or, pour les connaisseurs), une suite relevait du domaine du probable, voire même du logique. Dont acte. Pas simple toutefois, le challenge relevé par Eoin Colfer (auteur pour la jeunesse, plus connu pour la série Artemis Fowl, et donc pas vraiment le nom qui simposait) : prendre la succession de Douglas Adams, trouver une suite qui se tienne à peu près, dans un style qui rappelle, sans le parodier ni le singer, celui dAdams
Cest donc avec curiosité, appréhension et espoir que lon ouvre ce sixième volume dont on ne sait trop quattendre.
"Pas de panique !" Cétait la phrase clef de la série, et dès les premières pages, on se retrouve dans lunivers bien barré dArthur Dent, Ford Prefect, Trillian, Altea
: un petit résumé de la trilogie originale et une pincée dallusions fines mettent le lecteur dans lambiance. On est entre fans, de plus ou moins longue date. Reste à trouver de quoi débuter une histoire à partir de rien vu que de héros, en théorie, il ny a plus ! Heureusement, il y a une solution à tout, y compris au néant et le pitch de ce sixième opus est aussi original quun scénario télé hollywoodien : machine arrière toute, via la réalité virtuelle, à quelques minutes de la seconde destruction de la Terre par les rayons de la mort (qui tue) grébulons. La situation dArthur Dent nest pas grave, elle est désespérée
mais ce serait compter sans linusable Zaphod Beeblebrox, président de la galaxie, ses deux têtes, ses trois bras, son ego de la taille dun univers et le vaisseau Cur en or, toujours fort utile pour justifier limprobable
quand il marche.
Et en cas de contretemps, c'est le bon moment, pour Eoin Colfer, de faire intervenir un autre grand délirant, limmortel Wowbagger, dont la croisade personnelle injurier tous les êtres vivants de la galaxie tombe à pic pour organiser un sauvetage inespéré. Une fois laffaire réglée (dans une scène qui fait très précisément écho à la première rencontre entre Dent et Beeblebrox, tome 1 du H2G2), on repart dans une odyssée foutraque qui est un peu la marque de fabrique de la série, romance comprise (pour lex Mme Dent
). Petit plus, touche personnelle et adjonction qui justifie louvrage, Colfer fait cette fois intervenir des immortels obsédés par des élastiques, des dieux de classe A (dont Heimdall et un Thor teigneux, victime parmi dautres de Beeblebrox mais aussi Cthulhu) dans une série qui navait connu jusque-là quun épisodique dieu de la pluie travesti en camionneur. Il nen faut guère plus pour reformater un scénario cohérent et relancer Dent et Prefect dans lunivers, pourchassés encore et toujours par les Vogons.
Alors, peut-on lire ce sixième tome ? La réponse est oui, indiscutablement oui. Louvrage est plaisant : cest un livre «à la manière de
», un hommage bien inspiré qui retrouve souvent le délire et la fantaisie de la série originale et qui permet aux nostalgiques de la série de replonger dans lambiance improbable du guide. Une fois de plus, cest le personnage de Zaphod Beeblebrox qui assure le show, avec toujours plus dego, toujours plus de filles et toujours plus dincongruités. On y découvre notamment que Beeblebrox fut aussi lagent promotionnel de Thor (ce qui expliquerait sans doute la disparition de la religion nordique). Lintervention des dieux dAsgard et du panthéon lovecraftien est également bienvenue : un mélange des genres que naurait probablement pas renié Adams et qui sinsère parfaitement dans ce grand nimporte quoi qui fait le succès de la série. Rien de révolutionnaire donc, mais une suite qui se tient tout à fait et un hommage bien inspiré qui prolonge le plaisir.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 16/09/2011 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:H2G2 - L'intégrale de la trilogie en cinq volumes de Douglas Adams | | |
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