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A Ambre, enfin du nouveau !
John Gregory Betancourt   Les Neuf Princes du chaos
Folio - SF 2004 /  6.60 € - 43.23 ffr. / 342 pages
ISBN : 2070429229
FORMAT : 11 x 18 cm
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Les amateurs du cycle des princes d’Ambre, assurément l’un des plus réussis de l’heroic fantasy, savent bien que notre monde, la Terre, n’est que l’ombre d’une réalité unique, infiniment déclinée selon la volonté de quelques individus : Ambre. Aussi peuvent-ils sans doute espérer un jour le retour, par une ombre ou une autre, du créateur de cet univers si original (et d’autres tout aussi magnifiques : lisez les Seigneurs d’ombre et de lumière, variation fantastique sur le panthéon hindou !), Roger Zelazny. En effet, ce dernier, conteur fantasque et inspiré, récemment disparu, a laissé orphelins nombre d’amateurs de cette série pleine de fantaisie et d’aventures et qui, une fois entamée, ne se quitte qu’à regrets.

L’histoire générale d’Ambre s’étend sur dix ouvrages (publiés dans la même collection) : on y découvre, attaché aux pas de Corwin et de son fils Merlin, un monde médiéval-fantastique original, Ambre, où la dynastie régnante possède le pouvoir de se déplacer dans les ombres, ces réalités parallèles qui sont autant de déclinaisons à l’infini d’un seul monde, Ambre. Mais cette dynastie aux pouvoirs immenses n’a rien d’une famille paisible : les luttes entre Ambriens sont autant de guerres plus ou moins subtiles pour s’assurer le contrôle d’Ambre et en particulier d’un puissant artefact, la marelle, guerres arbitrées par quelques personnages puissants et cachés comme l’ancien roi Obéron ou le plus mystérieux Dworkin. Cette famille très spéciale dispose également de jeux de tarots magiques dont les atouts sont autant de moyens de se contacter (et de s’affronter) les uns les autres : diplomatie et batailles, vengeances et trahisons, rythment la vie de chaque personnage. Notons enfin que les Ambriens, issus du Chaos, luttent au final contre ce dernier et vous aurez compris que la cosmogonie et l’organisation de ce monde magique sont à la fois très cohérentes et suffisamment complexes pour captiver l’imagination et la curiosité. Il a d’ailleurs inspiré un jeu de rôles également novateur, preuve de la richesse de cet univers.

John Gregory Betancourt n’a pas, à proprement parler, pris la suite de Zelazny et cet ouvrage n’entend pas poursuivre les aventures de Merlin, interrompues avec le dernier ouvrage de la série de princes d’Ambre (Prince du chaos). De ce point de vue, l’amateur d’Ambre reste inconsolable. Mais avec Les Neuf Princes du chaos, il revient aux origines, et se place dans le sillage d’un jeune soldat engagé dans une guerre contre des créatures infernales. Ce soldat, Obere, voit un jour arriver à sa porte son oncle longtemps disparu, Dworkin, qui lui annonce tout de go qu’il est menacé de mort, et que seule son intervention peut sauver le monde. Acceptant de suivre Dworkin dans un carrosse magique, il va peu à peu découvrir qui il est réellement (Oberon… que les fans connaissent bien), quelle est sa vraie famille (les princes du chaos) et qui sont ses ennemis. Bienvenu dans ces prémices d’Ambre (qui font d’ailleurs un peu penser au premier tome des princes d’Ambre et aux mésaventures de Corwin).

Ambre figure parmi les grandes sagas d’heroic fantasy (avec, parmi les plus haletantes, Les Portes de la Mort, de Weis et Hickman, Le Trône de fer, de Georges Martin, La Belgariade, de David Eddings ou encore, dans un autre style, Les Fantaisies du Disque-monde, de Terry Pratchett…) comme l’une des plus réussies, novatrice en de nombreux points. L’imagination de Zelazny a forgé un monde assez vaste pour abriter d’autres plumes et d’autres talents : en reprenant son legs, Betancourt donne de l’espoir aux amateurs, d’autant que son style aisé (et bien traduit) ressemble à celui du maître et que tout en forgeant un nouveau récit avec de nouveaux héros, il sait demeurer fidèle à une trame générale définie par Zelazny. Cet ouvrage n’est toutefois que le premier d’une série qui reste encore à traduire : il faudra encore un peu de patience pour suivre Oberon dans sa quête du pouvoir.


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 24/08/2004 )
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