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Entre Jane Austen et Harry Potter
Susanna Clarke   Jonathan Strange & Mr Norrell
Le Livre de Poche 2008 /  10 € - 65.5 ffr. / 1149 pages
ISBN : 978-2-253-11283-9
FORMAT : 11,0cm x 18,0cm

Première publication française en mars 2007 (Robert Laffont).

Traduction d'Isabelle-D Philippe.

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Jonathan Strange & Mr Norell a été l’un des plus gros événements éditoriaux de l’année 2007 en France : publicité envahissante agrémentée par une trouvaille marketing (deux couvertures, une blanche et une noire), des critiques nombreuses et enthousiastes, le tout auréolé du prix Hugo et des recommandations du Time magazine… Autant dire de l’incontournable… et du lourd : le roman est gros (1144 pages en version poche) : tient-il ses promesses ?

Le récit commence en 1806, dans une Angleterre alternative, où la magie, reconnue, certes, est devenue une réalité historique et disparue depuis des lustres. Les derniers magiciens anglais sont de vieux et doctes gentlemen, occupés à des travaux convenables sur l’histoire de la magie… rien de bien exaltant et surtout pas de pratiques magiques ! Sauf qu’un magicien, un peu plus curieux que la moyenne, curieux de cette situation un rien ridicule, se trouve par hasard sur la piste d’un authentique magicien, le genre ermite : Mr Norrell. Et ce dernier, ému par les difficultés militaires de la Grande Bretagne face à une France impériale et conquérante, est saisi d’une vision : il faut rétablir la magie ! Commence alors un récit qui emmène le bon (quoique un peu compassé) Mr Norrell à Londres, pour rendre la vie à son art. Après quelques tours magistraux et quelques rencontres utiles, il est devenu le magicien le plus en vue, le plus attendu. Et il se trouve bientôt un élève en la personne de Jonathan Strange, dont le caractère plus emporté alterne avec celui de son trop sérieux maître. Dans la guerre qui oppose Londres et Paris, le conflit entre Mr Strange et Mr Norell se dessine. Conflit de personnes, de caractères, d’individus et surtout de magiciens… avec un enjeu constant : le rétablissement de la magie et du règne du «roi corbeau», mythique introducteur du grand art en Angleterre.

C’est beau, magnifiquement écrit dans un style «old fashioned» que ne renierait pas Jane Austen… un peu comme une uchronie légère, où la seule alternative à notre passé est cette magie. Susanna Clarke entraîne son lecteur dans un monde très construit, bourré de notes infrapaginales évoquant tel ouvrage de magie célèbre, telle affaire magico-historique renommée… Cela donne à la lecture un côté un peu érudit amusant, et surtout, cela confère au récit un surcroît d’authenticité bienvenu. Une Angleterre historique et magique se dévoile peu à peu, page après page… avec un train de sénateur.

On a pu comparer l’ouvrage à un Harry Potter pour adultes… et il y a de ça, à la nuance que le public adulte suppose plus de précautions : autant la magie était drôle, gaie, fantaisiste à Poudlard, autant elle est victorienne (sic !) et compassée chez Mr Norrell… Une vision adulte et littéraire, très originale, et qui donne un roman au goût un peu paradoxal. Certes, le style est grandiose et la lecture est un plaisir délicat, mais le rythme est lent et le récit se fait tortueux : les intrigues secondaires, intéressantes en soi, s’accumulent jusqu’à faire perdre le fil de l’intrigue. C’est l’un de ces romans avec lequel il faut un peu se battre mais qui mérite le détour, comme un variation délirante, un croisement improbable entre la littérature anglaise du XIXe siècle et le fantastique contemporain, presque un canular tellement le style est bluffant.

Alors OUI, il faut lire Jonathan Strange & Mr Norrell comme un roman fantastique original, beau et long comme un dimanche de pluie dans le Sussex. Si vous aimez le XIXe siècle anglais, ses mœurs compassées et son écriture appliquée, sensible aux individus, aux atmosphères, au délicat questionnement des consciences, vous adorerez cette variation subtile, qui en remontrerait à Mme Shelley… Mais on est loin du XXIe siècle et de son rythme saccadé ou haletant : dans le monde de Mr Norrell, on se hâte lentement et on prend son temps. Avis aux amateurs !


Gilles Ferragu
( Mis en ligne le 23/05/2008 )
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