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Les contes sont bons
Marc-Antoine Mathieu   Le Peintre Touo Lan - suivi de Hank
Editions de l'An 2 - Roman visuel 2004 /  12.50 € - 81.88 ffr. / 60 pages
ISBN : 2-84856-028-2
FORMAT : 19 x 23,5 cm
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Le trop rare Marc-Antoine Mathieu aura cette année battu son record de publications avec la sortie à huit mois d’intervalles de deux ouvrages ! D’abord le dernier volet des aventures de Julius Corentin Acquefacques, La 2,333e dimension, et puis ce livre regroupant deux très beaux contes superbement mis en images. Une bénédiction pour tous ceux qui apprécient l’auteur, et même si ces pages se lisent trop vite, nul doute qu’elles soient souvent de nouveau découvertes, juste pour le plaisir.

L’exercice du livre illustré avait déjà été accompli par Mathieu avec deux autres courts récits de la collection « Patte de Mouche » chez L’Association (La Mutation en 1995, et Le Cœur des ombres en 1998), mais les Éditions de l’An 2 offrent ici à l’auteur un espace plus grand, mettant en valeur de remarquables illustrations, faites pour être longtemps contemplées dans les moindres détails.

La contemplation, le peintre Touo Lan la pratique quotidiennement. Perché en haut de sa montagne, il regarde le temps s’écouler sur la nature, le ciel, et la ville en contrebas. Toute la semaine, il peint des visages, sept par jour, et pratique ce rituel créatif sans aucune dérogation. Dans le second conte, Hank, solitaire lui aussi, vit au rythme des saisons et de la pousse des arbres jusqu’à ceux-ci le surpassent en vigueur et en force. Le noir profond n’est jamais très loin chez Mathieu, et chacun de leurs côtés, les deux ermites devront faire face à la menace des ombres ; celle de la mort pour le peintre, et celle grandissante des arbres pour le bûcheron.

Après avoir élaboré des univers labyrinthiques, inventé des villes tentaculaires et surpeuplées où le moindre placard à balais devient palace, Marc-Antoine Mathieu choisit avec ces deux récits d’aller battre la campagne, de découvrir des espaces désertés, et d’éloigner ses personnages des cauchemars urbains et de l’absurde kafkaïen, pour les confronter aux indépassables forces de la nature et du temps qui passe. Mathieu raconte ses histoires avec une belle sobriété, celle que requièrent les contes universels, et une admirable économie de moyens. Textes concis qui vont à l’essentiel, dessins clairs, ne s’embarrassant pas de volumes grossiers ou de détails superflus. La ligne est limpide, juste et précise. Les contrastes de noir et de blanc qui sont la signature de l’auteur depuis Paris-Mâcon se font ici plus discrets et s’enrichissent de gris doux, comme des transitions indispensables entre les extrêmes. S’inspirant des estampes chinoises pour le premier conte, Mathieu retranscrit teintes légères, tons pastels et lignes pures avec ces seuls niveaux de gris. La verticalité est là - Touo-Lan ira d’ailleurs jusqu’au ciel pour y accomplir son art - les sommets des montagnes se perdent dans la brume, et l’homme est tout petit, perdu au milieu de ces paysages grandioses.

Deux visions de la solitude, l’une positive, source de création, l’autre noire et destructrice se terminant par une fatale ironie. Le contraste entre le noir et le blanc est donc finalement présent, niché au cœur de l’ouvrage, comme un acteur principal qui ne se dévoilerait que lors du dénouement. Mathieu compose un livre double dont les deux faces fondent sa cohérence. Un très beau moment de poésie, étonnant de simplicité et de force.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 29/11/2004 )
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