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| Bande dessinée -> Manga |
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Dieu qu’il est difficile de t’aimer | | | Ebine Yamaji Sweet lovin' baby
Asuka 2004 / 9 € - 58.95 ffr. / 172 pages
ISBN : 2-84965-0257
FORMAT : 11x18 cm
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La récente explosion du manga en France a permis depuis quelque temps de faire se côtoyer dans les rayons des libraires le meilleur comme le pire en la matière, ouvrant la voie à des auteurs méconnus au talent exceptionnel. Yamaji fait partie de cette nouvelle génération de mangakas qui renouvelle le genre sans le trahir.
Deuxième publication de lauteur chez les éditions Asuka, Sweet lovinbaby est une compilation de nouvelles très courtes, instantanés de vie pleins de sensibilité où se croisent des êtres constamment au bord de la fêlure, en proie à leurs désirs et à leurs craintes. Terriblement humaines, tiraillées entre leur préférence sexuelle et une aspiration à plus de normalité voire de conformité - les héroïnes dYamaji semblent hantées par lidée de rater, ou (pire) de gâcher quelque chose en persistant dans leur homosexualité. Incapables de vivre avec lêtre aimé, ces jeunes femmes se jettent à corps perdu dans une perpétuelle fuite en avant, se refusant un bonheur trop douloureux et abdiquant leur vie.
Mais il nest pas seulement question de saphisme dans cet opus centré de manière beaucoup plus générale sur lamour, quel quil soit. Lauteur décrit avec tact et délicatesse les premiers émois et ce sentiment nouveau encore balbutiant qui agite les curs et fait chavirer les âmes, prémices dune passion qui apporte son lot de joies et de peines. Ce jeu des corps qui se cherchent, sattirent et se repoussent inlassablement, réalise un étrange ballet sensuel entre des protagonistes foncièrement seuls, douce danse nuptiale qui suscite une intensité si prégnante quelle en devient presque étouffante, accablant des personnages à fleur de peau.
À demi-mots, par touches successives, Yamaji nous dépeint ce sentiment universel mille fois invoqué sans jamais être totalement circonscrit : elle nest pas loin ici de lindescriptible, touchant à lessence même de ses personnages dont le tumulte intérieur et les doutes se montrent dune beauté poignante. Le tout soutenu par un trait à lesthétisme épuré qui suscite un univers intimiste, aux ambiances délicates et feutrées : la grâce juvénile de ces êtres de papier à la silhouette svelte et à la plastique parfaite, leurs expressions étonnamment humaines, leur hypersensibilité exacerbée, sont autant de points dancrage permettant au lecteur une identification bouleversante. Yamaji nous propose ainsi une uvre tout en retenue, aux textes ciselés avec minutie, où chaque mot a sa juste place. Tout simplement extraordinaire.
Océane Brunet
( Mis en ligne le 31/10/2004 )
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