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De l’art comptant pour rien
Erica Sakurazawa   Crash (vol.2)
Asuka 2006 /  9.00 € - 58.95 ffr. / 178 pages
ISBN : 2-84965-146-X
FORMAT : 15x21 cm
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Melle Miyake prend subitement quelques congés, cédant sa place de manager à Tajima. Kazuya, son mannequin vedette, se sent abandonné et prend d’autant plus mal ce qui ressemble à une fuite que Miyake semble avoir démissionné de son poste pour mieux s’occuper de la carrière de Tatsuhiko, son rival professionnel.
Le comportement étrange de la jeune femme échappe à Kazuya, qui ne sait que penser de leur relation.

Poursuivant à pas feutrés sa parabole sur les errements amoureux, Sakurazawa nous dévoile à mots couverts les états d’âme d’une femme en proie à des sentiments complexes. Au jeu du chat et de la souris, Miyake y perd des plumes. L’amour, élevé à un rang inaccessible, semble chose impossible dans l’univers superficiel et cruel de la mode. Le choix de ce milieu permet ainsi à l’auteur de mettre en parallèle une futilité sans borne et la quête éperdue d’une âme sœur prête à écouter les tourments les plus secrets des protagonistes. Mais nul n’est digne de confiance, aucune oreille amie pour soulager vos blessures et panser vos plaies.
Cette solitude incommensurable, distillée par le truchement d’un trait langoureux et sensuel, met en exergue le vide des êtres qui hantent l’œuvre. Parce que torturés et habités de failles secrètes, d’aucuns se pensent artistes. Évoluant dans un milieu célébrant le culte de l’apparence et glorifiant un art comptant pour rien qui se voudrait contemporain, les protagonistes hésitent entre grandeur et décadence. Sakurazawa parvient, grâce à un jeu habile sur les regards et la sensualité émanant de chacun de ses personnages, à faire coexister en eux le ridicule et le sublime. Un opus maîtrisé.


Océane Brunet
( Mis en ligne le 03/07/2006 )
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