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Derniers jours d’un condamné
Yua Kotegawa   Détenu 042 (vol.2)
Dargaud/Kana - Big kana 2006 /  7,35 € - 48.14 ffr. / 221 pages
ISBN : 2-505-00023-9
FORMAT : 12x18 cm
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Le détenu 042, Tajima Ryôhei, est le cobaye d’une expérience qui vise à faire abolir un jour la peine de mort. Les autorités décident en effet de remettre en liberté cet assassin, avec une contrepartie de taille : une puce est placée dans le corps de Tajima, qui explosera à la moindre pulsion violente du tueur. Une expérimentation controversée qui suscite bien des remous…

Cette manière originale d’appréhender le problème de la peine capitale –toujours en vigueur au Japon, bien qu’actuellement suspendue- soulève de nombreuses questions : la peine de mort ne serait-elle pas qu’une version hygiéniste et légalisée de la vendetta ? La réinsertion doit-elle se faire à n’importe quel prix ? Certains individus doivent-ils être condamnés définitivement à vivre hors de la société ?
Car 042 n’est rien moins qu’un esclave, privé du droit à la colère et à l’amour. Le monstre, dépossédé de son humanité, devient entre les mains de scientifiques peu scrupuleux un agneau bêlant à qui l’on inflige une castration virtuelle (interdiction d’avoir des relations charnelles) qui rappelle inévitablement la stérilisation des malades mentaux et autres sujets déviants entreprise sous le IIIe reich. Bref, le ton est donné et se veut polémique. L’auteur porte ainsi subrepticement notre attention sur les commanditaire de cette « étude » : peu soucieux d’éthique et de déontologie, ces gentils bourreaux ne valent guère mieux que le meurtrier.
L’ambivalence dans le comportement des scientifiques est troublante : Shiina, l’une des têtes pensantes du projet, se prend ainsi d’amitié pour son objet d’étude. Cette bienveillance peut sembler malvenue et choquante si l’on considère que non seulement Tajima est un meurtrier en série, mais de plus qu’il est réduit à un simple automate par les bons soins du chercheur lui-même.
La série dresse avec une incroyable finesse psychologique le portrait d’êtres bourrés de paradoxes, tour à tour égoïstes, perfides, inquisiteurs et charitables. Le discours prend tout de même parfois une tournure idyllique, où bons sentiments et utopie font surface. Ainsi un assassin sanguinaire réussit-il grâce à une menace de mort permanente planant sur sa trogne à se lier d’amitié avec les jolies jeunes filles du lycée où il travaille. Il faut au lecteur surmonter beaucoup d’invraisemblances du genre pour parvenir à apprécier pleinement le registre provocateur et corrosif du manga.


Océane Brunet
( Mis en ligne le 20/11/2006 )
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