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Bande dessinée -> Manga |
| Keiko Ichiguchi Pourquoi les Japonais ont les yeux bridés Dargaud/Kana 2007 / 8,50 € - 55.68 ffr. / 173 pages ISBN : 2-505-00038-7 FORMAT : 15x21 cm Imprimer
Célèbre mangaka résidant actuellement en Italie, Keiko Ichiguchi présente son pays dorigine dans cet ouvrage destiné à tous les occidentaux intrigués par la culture nippone et curieux des traditions de cette fascinante nation. Le début du livre offre une vision manga-centrique du Japon très intéressante, avant dentrer dans le vif du sujet en levant le voile sur les us et coutumes séculaires du pays.
Ichiguchi ouvre ainsi son propos sur un univers quelle connaît bien, celui des otakus, des fanzines et des foires aux mangas. Véritables viviers de productions damateurs (BD, jeux vidéo, vêtements, etc.) ces rassemblements étonnent et amusent, alors que lunivers impitoyable de lédition nippone véhicule son lot de légendes urbaines sordides. Beaucoup font allusion au surmenage que subissent les mangakas professionnels, et ce dangereux flirt avec le burn-out syndrome laisse perplexe. Le pétage de plomb semble être un sport national chez les auteurs de mangas, dont certains connaissent des destinés tragiques, ou tout du moins agitées (mort subite, reconversion en gourou de secte, disparition mystérieuse de la scène éditoriale). Mais le texte reste avant tout une intrusion gouleyante dans le monde des dessinateurs et des animateurs, avec une revue des potins-mangas en bonne et due forme, où lon en apprend de belles sur les auteurs dont lanonymat est hélas la plupart du temps préservé
À lissue de cette première partie non seulement les Sentaï mono nauront plus de secrets pour vous (les plus connus en France sont Bioman et Power Rangers, et le genre dissimule bien des ambiguïtés qui avaient probablement échappées aux téléspectateurs français) mais vous serez aussi au fait cette culture de masse dont les Japonais raffole et qui peu à peu envahit le monde. Léclairage apporté sur une école de théâtre spartiate qui mène la vie dure à ses apprenties actrices laisse songeur, et le statut des fans de ces idoles prête à rire. Car les plus chanceux (et les plus assidus) se voient paradoxalement attribuer le rôle de garde du corps. La crainte du stalker semble bien loin
Ces anecdotes sur le théâtre et le cinéma permettent à lauteur de rappeler combien les mangas ont infiltrés dautres arts au Japon, et danalyser avec pertinence le succès déroutants de certaines catégories de manga, comme le yaoi chez les jeunes mères de famille. Tout ceci pour mettre en exergue limportance des thèmes de lamour et de la sexualité dans la BD nippone, où le jeu sur les genres existe déjà depuis plus de trente ans !
Puis le livre sattarde sur les traditions séculaires qui rythment la vie des Japonais, entrant ainsi dans le vif du sujet. En jouant sur des images dÉpinal qui sont autant dinvitations au voyage (les cerisiers en fleurs, les fêtes de Noël et du Nouvel An), Keiko Ichiguchi insiste sur létrange contraste quil existe au Pays du Soleil Levant , entre modernité et folklore. Les chapitres consacrés aux démons, aux esprits et aux multiples divinités imprègnent le lecteur de latmosphère du pays et le familiarise avec les us et coutumes dun peuple pourvoyeur de mille phantasmes dans lesprit dun Occidental. Le tout agrémenté danecdotes amusantes qui, avec beaucoup dhumour, brossent un portrait sympathique et souvent déluré de cette nation attachante.
Océane Brunet ( Mis en ligne le 20/02/2007 ) Imprimer
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