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Un rêve étrange et mystérieux
Hisae Iwaoka   Yumenosoko - Au plus profond des rêves
Dargaud/Kana - Made in 2007 /  10,00 € - 65.5 ffr. / 150 pages
ISBN : 2505001049
FORMAT : 12x21 cm
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Une ville inconnue, à une époque inconnue. Une fillette découvre un kombini pour le moins étrange, d’où partent de petits livreurs de rêves chargés de transporter les songes de chacun à bon port. Elle y croise un garçon qu’elle avait connu à l’école maternelle, tombé dans le coma suite à un accident. Prisonnière de ce rêve qui semble ne jamais pouvoir finir, l’héroïne apprend à vivre auprès d’êtres émouvants en attendant son réveil.

Joli conte à la Saint-Exupéry, ce one shot tout public dont l’opacité habilement entretenue séduit dès les premières pages offre une introspection onirique où bizarrerie et cocasserie cohabitent avec sensibilité.
Le trait enfantin renvoie à une certaine innocence, auréolée d’une tristesse tranquille et poétique. Car chacun des personnages d’Iwaoka porte en lui une fêlure qu’il a toutes les peines du monde à exprimer : le verbe s’inscrit ici comme thérapie, la parole comme ressourcement. L’histoire de cette solitude sans fond, nourrie par un égoïsme latent qui isole l’héroïne de ses comparses, fait écho à des questionnements existentiels forts. Interrogation sur la vie et la mort, sur leur (non)sens et leurs turpitudes, cette œuvre n’en est pas moins pleine d’espoir. La fillette s’ouvre en effet peu à peu sur autrui, seul témoin de notre existence. L’auteur semble vouloir ainsi nous dire que les autres sont les garants de notre tangibilité, le souvenir qu’ils ont de nous étant la seule preuve que tout ceci n’est pas qu’un mauvais rêve. En somme, l’absence nous inscrit paradoxalement dans la réalité. On ne peut en effet pas manquer de ce qui n’existe pas…
Évidemment, cette intrusion dans un monde parallèle fantasmé – déjà abordée, de façon très différente, dans Stray little devil ou Dreamland - se révèle vite kafkaïenne : les personnages apparaissent et disparaissent comme par enchantement, des phrases sans queue ni tête sont échangées, et une étonnante ingénuité habille le propos.On appréciera notamment la référence au sacro-saint pet géant pré mortem (renommé pour l’occasion « pet magistral »). Un peu d’humour donc pour ce voyage claustrophobique dans les abîmes de l’inconscient.


Océane Brunet
( Mis en ligne le 17/05/2007 )
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