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Bande dessinée -> Réaliste |
| Frédéric Féjard Sylvain Ricard Maël Les Rêves de Milton (tome 2) Dupuis - Aire Libre 2006 / 14 € - 91.7 ffr. / 72 pages ISBN : 2-8001-3830-0 FORMAT : 23,5x31 cm Imprimer
Suite et fin des mésaventures de la famille Cry en route vers lOuest et ses terres fertiles. Après la Grande Dépression, puis la sécheresse, les Cry nont pas dautres solutions que de vendre leur exploitation de tabac, et de quitter la Caroline du Nord pour rejoindre le long convoi de fermiers exilés. Mais avant même le grand départ, les événements virent au tragique. On retrouve un fermier sauvagement assassiné dans sa grange. Plus tard, cest une jeune femme qui est abattue de la même façon et que lon découvre ligotée dans les bois. Coïncidence troublante, la veille de chaque meurtre, le jeune Billy Cry essayait de convaincre son grand frère Milton, colosse arriéré mais gentil, de se venger de ceux qui lui voulaient du mal.
Dans ce second tome, les choses se précipitent un peu plus et compliquent lavancée vers le grand Ouest prometteur : le convoi de fermiers doit faire face à une nouvelle victime ainsi quà divers retards dus aux intempéries et aux querelles intestines qui gangrènent le groupe. De plus, des agents fédéraux venus de la capitale sont chargés denquêter sur les meurtres qui viennent dêtre commis. Quant à Billy et Milton, ils sont encore une fois chacun de leur côté confronté à des moments de violence et détranges échanges qui pourraient faire deux des suspects idéals.
Étonnamment, les auteurs nous emmènent ici loin de ce que lon pouvait attendre à la lecture du premier opus. Cest linconvénient des albums de bandes dessinées qui se suivent à quelques mois dintervalle et qui ne permettent pas, pour le lecteur pressé de lire les nouveautés, dappréhender une histoire dans sa totalité. On se fait des fausses idées... Ici en effet, lenquête policière prend le pas sur le parcours chaotique de la famille Cry, et le fait divers a le dessus sur la grande Histoire. Cela aurait pu être pertinent et original, à la manière dun Steinbeck dans Des Souris et des hommes (le nom de Milton nest pas innocent
), si seulement notre attention de lecteur navait pas déjà été appâtée par ce récit dune fuite contre la misère dans une Amérique rongée par la pauvreté. Dans les dernières pages de lalbum, tout cet aspect, pourtant solidement mis en place depuis le début, semble en effet carrément être oublié, au point même de faire purement et simplement disparaître quelques personnages principaux comme la mère de Billy. Certes, les moments de violence extrême qui se répètent tout au long des deux albums sont comme les échos de la grande Dépression, symboles dune rage jusque-là contenue, mais à dire vrai ce virage à 90 degrés (et cest déjà beaucoup) semble comme céder à quelques facilités narratives. Le dénouement reste franchement décevant tant il est à la fois prévisible, convenu et que lon pouvait espérer autre chose de ce récit enfiévré quune simple intrigue faussement mystérieuse rapidement bouclée.
Une semi-déception qui ne devra toutefois pas faire oublier quelques très belles scènes comme la nuit passée dans un train déserté ou la course à travers la tempête. De même, on continuera dapprécier le dessin de Maël, fil barbelé plongé dans des teintes terreuses, ébréchant nerveusement la planche.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 20/11/2006 ) Imprimer
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