|
Bande dessinée -> Fantastique |
| |
Le vieil homme et l’amertume | | | Enrique Fernández L’île sans sourire Drugstore 2009 / 13.90 € - 91.05 ffr. / 56 pages ISBN : 9782356260550 FORMAT : 24x32 cm Imprimer
Après une traversée pluvieuse sur une mer agitée, Milander Dean débarque sur lîle de Yulkukany. Il est géologue et est là pour le travail, bloqué deux semaines sur cette terre désolée et faiblement habitée. Les hommes vivent de la pêche et sont tous en mer. Ne restent que les enfants, les femmes et quelques mystères
La compagnie nest de toute façon pas ce que cherche Milander Dean. Lui est un vieux bonhomme avant lheure, un type bourru et taciturne, cachant ses peines et ses souffrances derrière un masque constamment morose. Dès le premier soir sur lîle, voilà ce triste sire accueilli par la jeune et enjouée Elianor. Si lui est renfrogné et grincheux, elle est excentrique et bavarde, pleine de vie et dynamique. Cest une petite fille astucieuse et imaginative passant ses journées accompagnée de son petit chat à découvrir les merveilles de la nature en attendant que son père revienne de ses lointaines expéditions maritimes, les bras chargés dinsolites cadeaux.
Très vite, Eli tape sur les nerfs du géologue. Elle voit le bonheur partout, sémerveille dun rien, ri, samuse, invente. Lui casse ses pierres grises, broie du noir, refuse toute émotion positive. Le courant ne passe décidément pas. Mais Yulkukany nest pas une île comme les autres et lorsque le fantastique frappe aux portes cest toutes les certitudes qui volent en éclats. Pour Milander Dean, cette expédition va virer au rite de passage, et devenir un événement qui pourrait bien bouleverser le reste de son existence.
Après avoir illuminé Le Magicien dOz, Enrique Fernandez décide de sattaquer seul au genre en écrivant et dessinant son propre conte de fées. Voici une ode aux valeurs simples et pures, une fable optimiste et merveilleuse.
On apprécie avant tout lunivers mis en place par lauteur, mélangeant les architectures, mariant les décors japonisants aux contrées bretonnes. De même, Fernandez gère parfaitement lirruption du fantastique dans un récit qui commence sobrement, distillant ses effets pour mieux étonner. Le lecteur est ainsi dabord mis du côté de Milander et de son scepticisme chronique avant de basculer du côté dEli, sapercevant que rien nétait le fruit de limagination de la fillette. Linteraction entre les deux personnages principaux fonctionne assez bien : lui avec ses pierres grises et inertes, elle avec ses fleurs et ses oiseaux. On sattache à ses personnages et même si le message reste assez simpliste, lhistoire se lit avec plaisir.
Visuellement cest toujours superbe. Fernandez est de ces artistes qui a su dompter le numérique pour en faire autre chose quune bête et froide palette de couleurs. Certes, la technique est là, visible, évidente, mais la chaleur et le style sont aussi présents. Plusieurs scènes sont superbes et lenvol des oiseaux sur un essaim de fleurs reste un grand moment de poésie un peu folle mais totalement maîtrisée rivalisant avec les visions dun Miyazaki ou dun Mbius. Une petite réussite.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 16/06/2009 ) Imprimer
A lire également sur parutions.com:Le Magicien d'Oz (tome 3) de Enrique Fernández , David Chauvel Le Magicien d'Oz (tome 2) de David Chauvel , Enrique Fernández Le Magicien d'Oz (tome 1) de David Chauvel , Enrique Fernández | | |
|
|
|
|