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L’évangile selon Mathieu
Marc-Antoine Mathieu   Dieu en personne
Delcourt 2009 /  14.95 € - 97.92 ffr. / 128 pages
ISBN : 978-2-7560-1487-6
FORMAT : 18,7x26,5 cm
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Après avoir si souvent travaillé sur l’acte de création artistique (voir quelques-unes des aventures de Julius Corentin Acquefaques, Le Dessin, ou encore Le Peintre Touo Lan), Marc-Antoine Mathieu s’attaque à la création tout court. Dans ce récit dense, drôle et décousu, l’auteur en noir et gris fait revenir sur notre planète Dieu. Ou du moins un individu qui prétend être Dieu. C’est vrai qu’avec sa longue barbe et ses habits blancs, le bougre en a déjà tout l’air. Quelques miracles et autres prodiges achèvent de convaincre les plus sceptiques : Dieu est de retour, c’est officiel. Et même si le bonhomme n’est pas très bavard, l’intervention du sacré dans une société devenue un peu cruche change franchement les mentalités. Dès lors, toute une machinerie se met en branle. Le phénomène est trop énorme, et c’est comme si le monde s’arrêtait de tourner. Les librairies ne vendent plus que du Dieu, les chaînes de télé ne diffusent plus que du Dieu, les tee-shirts, les affiches, les puzzles, les pièces de théâtre, les mots et les choses… Dieu est partout. Machination, canular ou incroyable réalité ? Un procès va tenter d’aller au bout des questions, creusant les débats, flirtant avec les concepts d’infini, d’absolu et de causalité. Dans une mascarade de cour de justice (où l’on retrouve les ambiances kafkaïennes chères à Mathieu), Dieu est mis au ban des accusés, rien de moins. Et au-delà de son procès c’est son existence même qui est donc (re)mise en question.

Le début de l’album est du pur Mathieu, absurde et décalé, situé dans une ville nocturne où la bureaucratie toute-puissante étouffe l’individu : lors d’un gigantesque recensement où se pressent des foules compactes, Dieu est démasqué. Il n’a pas de papiers, pas de numéro d’identification, pas d’adresse… Il n’existe donc pas. Au milieu de ces personnes qui se pressent pour se faire recenser, se faire marquer, voilà donc un être hors du commun qui se démarque, bouleversant d’un coup certitudes, idées toutes faites et paperasseries. La suite verra s’établir l’examen minutieux de Dieu par un défilé d’experts ; sociologues, psychiatres, artistes, historiens et même un technicien de surface porté sur la philosophie pointue. Le but du livre n’étant évidemment pas de prouver quoi que ce soit mais d’imaginer, jusqu’au bout, ce que donnerait l’arrivée de Dieu dans une société gangrenée par l’image, les médias et le profit.

Comme dans son avant-dernier album autour du Louvre, Les Sous-sols du Révolu, Dieu en personne contourne le récit pour développer une suite de saynètes autour d’une idée, d’un thème. Le résultat est ici étonnant, foisonnant, parfois bancal mais souvent drôle et inspiré. Si l’auteur ne joue pas sur la forme, comme dans la plupart de ses autres livres, il s’en donne à cœur joie sur le fond et les doubles-fonds. Poussant les raisonnements jusqu’à une logique absurde, croisant philosophie cartésienne, science fiction kubrickienne et croyances populaires, Mathieu tisse une toile fine et serrée autour de son sujet, aidé en cela par son graphisme toujours aussi efficace et des textes méticuleusement élaborés.

Au final, ce retour de Dieu donne une fable lettrée et carrée, écornant — gentiment et avec le tact des grands élégants — les médias, la société de consommation et les mouvements de foule. Et si ça n’est pas là le meilleur à lire de son auteur, c’est sans doute, dans cette ferveur avec laquelle les thèmes sont traités, l’un de ses plus personnels.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 05/10/2009 )
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