| Jean-Luc Sala Bakemono (tome 1) - Le Serment du Tengu Le Lombard - Portail 2006 / 13 € - 85.15 ffr. / 48 pages ISBN : 2-8036-2181-9 FORMAT : 24x32 cm Imprimer
Tout commence comme un conte fantastique nippon : Okura, lEmpereur Blanc a fauté contre les Dieux et la Balance en faisant alliance avec un immortel, le Tengu, pour lutter contre son adversaire, le Seigneur Noir
Victorieux, il vit désormais dans le déshonneur, séparé de ses filles et menacé par la malédiction divine. Et lorsque le Roi Noir envoie un ninja exécuter limpératrice, Okura choisit den finir par un duel
mais le Roi Noir est fourbe, et lEmpereur Blanc, en dépit du Tengu revenu le secourir, meurt. Fin du premier acte : le lecteur sent bien que derrière cette traîtrise, cest tout le sort dun royaume qui bascule. Le Tengu esprit corbeau à lapparence humaine a lui aussi trahit les dieux pour sallier aux hommes : sa responsabilité lui impose de veiller à restaurer léquilibre entre les hommes, et pour cela, il doit veiller sur les trois filles de lempereur, cachées par ses soins. Lune est une guerrière, lautre est une nonne (formation shaolin tout de même) et la troisième ??? Le Tengu doit donc rassembler les jeunes filles et préparer la bataille contre les armées du roi noir, qui déferlent
Cela vous rappelle des choses : de fait, une pincée de mythologie asiatique (le Bakemono une variété locale de lorque, le tengu, le yin et le yang
), un peu de fantastique (Michael Moorcock et son idée dune balance éternelle entre bien et mal), du classique de lheroic fantasy (Le Seigneur des anneaux, ses rois oubliés devenus des coureurs de bois, et ses terres submergées par les démons) et même un peu de steampunk (style Warhammer, avec un juggernaut/armure enchantée très réussi)
que du bon en somme ! Avec cela, il manque létincelle du talent et cela tombe plutôt bien, puisque du talent, Jean-Luc Sala en a manifestement à revendre. Le résultat, cest un premier album très réussi, un vrai coup de coeur, à mi-chemin entre tous les genres, original, rythmé, qui fait immédiatement penser au grand ancien du moment, le célébrissime Lanfeust. Jean Luc Sala prend le temps de poser son histoire, ses personnages, leur donner de lépaisseur et une dose de fragilité. En particulier, le personnage du Seigneur Noir, quelque peu falot aux côtés de son magicien noir, savère prometteur, quant au Tengu, il y a du Aragorn en lui. Un peu dhumour aussi, mais discret, maîtrisé, pour ne pas se prendre top au sérieux, et un souffle manifeste, qui embrase lhistoire et lui donne ce ton si séduisant, si convaincant qui plaira forcément aux fans de fantastique en bande dessinée. Lensemble se lit sans temps mort, comme un bon film ou une partie de jeu de rôle réussie, possédant un vrai scénario.
Le graphisme est à laune du récit et rappelle, là encore Lanfeust : même imagination débordante et maîtrisée par un trait efficace, même attention au détail qui fait mouche, au plan qui étonne, même sensibilité pour les scènes de combat. Le visuel de ces dernières, proche du comics, est tout à fait convaincant. Enfin, lunivers asiatique est particulièrement soigné, notamment les détails des armures, et lon se rappelle encore la richesse graphique du Vent des dieux de Patrick Cothias : dans un autre registre, peut être plus fantasy, Jean Luc Sala sen inspire. Au final donc, une série prometteuse, et même plus. À suivre !
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 14/11/2006 ) Imprimer | | |