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Bande dessinée  ->  Fantastique  
 

Les lumières dans la ville
Benoît Peeters   François Schuiten   La Théorie du grain de sable (tome 1) - Les Cités Obscures
Casterman 2007 /  17.50 € - 114.63 ffr. / 112 pages
ISBN : 978-2-203-34323-8
FORMAT : 30x20,5 cm
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La parution de ce nouvel album des Cités Obscures est une surprise d’autant plus heureuse que La Frontière invisible, dernière aventure en date, devait être l’ultime épisode de la série. Fort heureusement, les auteurs n’ont pas tenu parole et reviennent poser quelques pierres à leur cycle architecturo-fantastique. Et ce somptueux récit s’impose d’ores et déjà comme l’un des tous meilleurs. Certes, il ne s’agit ici que du premier tome d’un diptyque – il faudra savoir attendre !- mais cette longue ouverture est splendide et magistralement menée par Benoît Peeters et François Shuiten.
Esthétiquement, le résultat est d’abord irréprochable : format à l’italienne original, belles demi-planches qui s’étalent amplement sur les pages, impeccable impression qui joue avec le gris lumineux du papier. Délaissant les couleurs directes des précédents opus pour un retour au noir et blanc d’une exemplaire facture, Schuiten élabore ici une belle ambiance, celle d’un quotidien « banal » qui bascule peu à peu dans l’étrange et parfois même l’inquiétant. Les visages souvent dans l’ombre semblent cacher quelque chose et la ville, constamment battue par une forte pluie, est comme plongée dans une longue et interminable nuit.

Si comme dans tous les épisodes de la série, les lieux jouent un rôle important, l’intrigue est ici plus ouvertement fantastique, à la manière de L’Ombre d’un homme, proche des personnages, et délaisse quelque peu les péripéties architecturales et autres exploits d’arpenteur. Les grandes perspectives plongeantes et autres vues incroyables sur des décors extraordinaires cèdent la place à des vignettes plus « modestes », un retour à l’échelle humaine. D’ailleurs, le lieu choisi pour cette histoire est Brüsel, sans doute la plus « terre à terre » des Cités Obscures. Certes, on retrouve dans ces rues de la cité quelques éléments atypiques (un réseau de passerelles, des engins volants, une Galerie des Mondes Lointains…), mais le décor est avant tout proche de nos villes occidentales ; ainsi le restaurant de Maurice ou la grande tour résidentielle qui domine la ville. C’est dans ces lieux presque familiers que le fantastique peut alors le mieux se déployer. Et la fascination des auteurs pour l’architecture et l’urbanisme opère ici un retour à la source, au matériau brut : le sable, la pierre, la pesanteur sont en effet les éléments clés au service d’une histoire étrange et envoûtante. À la suite de la visite d’un mystérieux et charismatique prince Bugti dans les rues de la ville, les événements insolites s’enchaînent et le quotidien de plusieurs habitants se voit peu à peu totalement bousculé. Un restaurateur gourmand « s’allège » régulièrement jusqu’à ne plus toucher terre, un appartement se remplit inlassablement de sable fin venu d’on ne sait où, tandis qu’une autre demeure est progressivement envahie par de lourdes pierres… Le récit passe alors d’un personnage à l’autre, comme un long prologue qui voit se croiser brièvement les différents protagonistes avant de tisser les liens qui les unissent. Au centre de ces dérèglements, le prince Bugti et son étonnant bijou à l’armature labyrinthique.

Brillament raconté, utilisant les ressources narratives même du graphisme (gris omniprésent marqué de taches de blanc lumineux ici et là), et usant d’une belle rigueur dans le découpage, le récit se développe ainsi par petites touches, petits grains de sables qui s’égrènent imperturbablement, confrontant le quotidien gris et terne à une poésie fantastique et séduisante. Les amateurs de la série seront ravis par ce nouvel épisode qui multiplie les moments forts et renoue avec l’ambiance un peu noire des classiques que sont La Fièvre d’Urbicande ou La Tour ; les plus assidus retrouveront avec plaisir des personnages clés de la série : ainsi Constant Abeels (héros de Brüsel) et Mary Von Rathen, l’enfant penchée devenue aujourd’hui « collecteuse de phénomènes inexpliqués». Un superbe album donc, dont on attend d’ores et déjà la seconde partie avec une grande impatience.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 30/08/2007 )
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  • La Frontière invisible
       de François Schuiten , Benoît Peeters
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       de Benoît Peeters , François Schuiten
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