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Bande dessinée  ->  Fantastique  
 

En rouge et noir
Rob Reger   Buzz Parker   Emily the Strange (vol. 1) - Morte d'ennui
Soleil 2007 /  14.95 € - 97.92 ffr. / 160 pages
ISBN : 9782849469033
FORMAT : 18x26,5 cm
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Fait rare dans le monde du marketing, le produit dérivé a ici précédé l’adaptation : ainsi, avant de courir les pages de comics et d’être (prochainement) l’héroïne d’un film, Emily (the) Strange ornait les planches de skate-board, autocollants, et autres tee-shirts. Née de l’imagination de Rob Reger et du graphiste Nathan Carrico pour l’agence Cosmic Debris Etc.en 1991, la petite fille pâle aux longs cheveux noirs est devenue une icône immédiatement reconnaissable, l’emblême ironico-gothique d’une jeunesse pseudo-perdue. C’est vrai qu’avec son graphisme aussi expressif qu’épuré, son trait épais et trempé dans un noir profond, ses grands yeux mystérieux et sa mine perpétuellement renfrognée, Emily dégage une belle aura, un indéniable charme visuel qui font qu’on la remarque immédiatement et qu’on ne peut passer à côté son charisme de papier.

Fort du succès de sa création, Rob Reger surfe rapidement sur différentes vagues, multipliant les licences avant de plonger dans le grand bain des comics, d’où sa petite créature semblait évidemment provenir. Dark Horse est sur le coup et publie en 2005 les toutes premières aventures d’Emily en bande dessinée. Le recueil ici traduit par Soleil regroupe les trois premiers épisodes de la série, remplis à ras bord, et présentant entre deux planches des fausses pubs, des interviews dessinées, et autres parodies de rubriques comme dans un vrai magazine. En fin d’ouvrage, on trouve même une planche d’autocollants rappelant la nature première du personnage d’Emily, le décoratif et l’estampage.

Noir c’est noir et l’on retrouve dans les bandes dessinées une Emily cultivant avec une belle application son jardin souterrain secret, prônant les valeurs qui sont les siennes : l’ennui, la mort, la peur, la douleur. Tout ça bien sûr accompagné d’un humour noir macabre et, finalement, assez gentillet : les auteurs ne tombent pas dans piège tendu par une armée de jeunes adolescents en quête de spleen et de noirceur. Au contraire, Rob Reger et son dessinateur Buzz Parker laissent filtrer dans toutes ces pages un second degré marqué. On ne se prend jamais au sérieux et les élucubrations morbides de cette cousine directe de Mercredi Addams, poussées à l’extrême, conduisent finalement à prendre tout cet univers comme une belle parodie, un pied-de-nez à une esthétique aujourd’hui banalisée. On s’amusera ainsi de cette obsession pour l’ennui, de ces inventions déjantées (la machine à tuer le temps), de ces parodies de contes de fées ou de ces loisirs à pratiquer chez soi comme dessiner avec ses dents…

Graphiquement, l’écart se creuse entre la simplicité évidente, la pureté des formes d’Emily et le reste, beaucoup plus brouillon et explosif. Buzz Parker construit ainsi des planches sens dessus dessous, d’un trait épais et parfois hasardeux, projetant l’impassible Emily dans des saynètes délirantes et brinquebalantes. La silhouette traverse ainsi des pages résolument foutraques, comme issues d’un fanzine d’étudiants rigolards. Les pages, plongées dans une nuit constante, débordent de petits dessins rageurs, de décors en déséquilibre, de mélange des genres et d’aphorismes absurdes. Les histoires suivent ce même drôle de fil tordu, comme improvisées case après case et faisant abstraction d’une quelconque logique. Les récits sans queue ni tête se bornent donc à mettre en valeur Emily et ses morbides manies, plaçant la fillette dans différents univers (un musée, un jeu vidéo, chez le Magicien d’Oz…) pour ensuite se finir de façon abrupte et désinvolte. Comme écrites sous l’influence de substances illicites, ces fables noires et franchement absconses finissent par donner un album sympathique car ne se prenant jamais au sérieux. Certes, l’ensemble reste plutôt inégal, parfois même un peu lourd, mais les auteurs mettent suffisamment de délire et d’idées frappadingues dans leurs planches pour que l’on finisse par apprécier se perdre dans ce recueil amusant et fleurant bon l’underground… même si ce ne sont là que des arômes artificiels.


Alexis Laballery
( Mis en ligne le 20/10/2007 )
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