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Bande dessinée -> Science-fiction |
| Pierre Pelot Emmanuel Vegliona H.A.N.D. (tome 2) - Jungle de rouille Dupuis - Repérages 2004 / 9.50 € - 62.23 ffr. / 48 pages ISBN : 2800133848 FORMAT : 21,5 x 30 cm Imprimer
Et si des consortiums industriels sunissaient pour mettre au point un projet génétique porteur de germes, et si ce projet génétique, la fille-sujet, séchappait, et si les créateurs, affolés, lui envoyaient des tueuses génétiquement modifiées et clonées, tandis que les autorités commencent à sintéresser à ce remue-ménage
Heureusement, la fille-sujet est recueillie par Chago Dieciocho, un simple agent de police, et protégée par Lagrima, lune des tueuses lancées à sa recherche et en quête de rédemption. Fuyant la menace, cette petite équipe senfuit dans la jungle rouillée, sorte de zone de non droit, dans une jungle amazonienne où se regroupent divers opposants au système. Mais avec des tueuses aux trousses, et au cur dun territoire hostile, la survie sannonce difficile. Telle est lintrigue un peu rebattue qui inspire H.A.N.D., bande dessinée de science-fiction. Le résultat est hélas fort moyen, pour ne pas dire médiocre, et contraste avec la qualité générale de la collection Repérages de Dupuis. Erreur de casting ?
Côté graphisme, il faut considérer que Vegliona a été peut-être trop ambitieux (on sent fortement linfluence dAdamov et de son univers, sans linspiration et le souffle du dessinateur des Eaux de Mortelune) ou trop pressé : le résultat frise parfois les limites de lamateurisme, tant dans le dessin des personnages et particulièrement des visages (tous identiques ou presque) que dans la mise en scène sans guère de profondeur ni dinventivité. Limpression générale qui se dégage de cet album est celle dune réalisation inférieure à la qualité moyenne de la bande dessinée actuelle, et qui tient plus de lhonnête composition pour fanzine scolaire.
Parallèlement, les couleurs de Christian Lerolle, sensible aux mêmes inspirations, ne tranchent ni par limagination et loriginalité, ni par le réalisme : sans guère de contraste, les images sont souvent un hymne à la monochromie. Quant au scénario, il est à laune du graphisme, c'est-à-dire frustrant : Pierre Pelot (160 romans, 75 nouvelles
fatigué sans doute ?) na pas été très inspiré, se contentant de grappiller quelques idées dans lair du temps (les consortiums du futur, les manipulations génétiques, les rebelles installés dans des zones sauvages
) et de mélanger tout cela. Les dialogues eux-mêmes font artificiels : ce nest pas laccumulation dexpressions hispaniques, version Assimil, qui donne à lensemble un peu doriginalité et dexotisme. On pense aux univers des romans de Lucius Shepard, mais sans laspect insolite qui en fait le charme déconcertant. Les textes sont longs, excessivement, sans que cette longueur ne soit particulièrement justifiée : le romancier na pas su sadapter au format BD. La présentation elle-même est indigeste : images trop petites, pages trop remplies, écriture en format « pattes de mouche »
Bref, voilà un album décevant, aux relents damateurisme, et qui, malgré quelques trouvailles (la jungle rouillée en particulier : une ancienne base de lancement de fusées), ne restera pas dans les annales. Peut être les auteurs nont-ils pas su trouver un terrain dentente, un compromis
Et la science-fiction nest certainement pas lunivers le plus facile à mettre en image de manière crédible. A ne pas suivre
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 16/06/2004 ) Imprimer | | |
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