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Bande dessinée -> Science-fiction |
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Dans l’eau, on ne vous entend pas crier non plus… | | | Xavier Dorison Christophe Bec Sanctuaire (tome 3) - Môth Les Humanoïdes associés 2004 / 12.60 € - 82.53 ffr. / 62 pages ISBN : 2731663081 FORMAT : 24 x 32 cm Imprimer
Vous vous souvenez dAlien ? de ce délicieux sentiment de terreur que lon ressent à la vue des coursives vides du Nostromo, en sachant pertinemment quil y a là quelque chose de dangereux qui guette ? Imaginez la même situation, sous la mer, dans une sorte de temple immense, ténébreux, en partie immergé
et vous y êtes presque : en fait, Sanctuaire est encore plus stressant. A lorigine, un sous-marin américain, lUSS Nebraska, tombe, lors dune patrouille, sur un bâtiment russe coulé près de la façade dun temple en ruine. Or il apparaît que le temple, vestige de la civilisation sumérienne dOugarit (disparue voilà 4500 ans dans des conditions étranges), est habité par une entité démoniaque, et que le sous-marin russe, venu remplir une mission top-secrète héritée des plans de guerre nazis, a vu son équipage se faire décimer. Dans lintervalle, léquipage du Nebraska sest séparé : un commando part explorer le temple tandis que le reste des hommes attendent à bord du navire en essayant de comprendre ce qui se passe. Et bien sûr, rien ne va ! Les deux premiers tomes de la série ont ainsi planté le décor pour une confrontation haletante, celle de lhumanité et de lun de ses adversaires immémoriaux. Plusieurs références viennent bien entendu à lesprit : Abyss, pour le côté sous-marin angoissant, Indiana Jones, pour les nazis et leurs projets darmes ultimes ésotériques
et le mélange BD de tout cela na rien à envier, en terme de suspense et dambiance, au cinéma et à ses effets spéciaux. Embarquons pour une ultime plongée dans lunivers inquiétant de Sanctuaire.
Très réaliste, le graphisme de Christophe Bec contribue largement à lambiance oppressante de cette série : en effet, et tout comme dans Alien, la « créature » napparaît guère et la peur se lit plutôt sur les visages, les attitudes ou dans les dialogues. Dailleurs, les vieilles recettes demeurent efficaces : les ténèbres laissent libre cours à limagination, bien plus inquiétante que la réalité. Aussi Bec fait-il largement usage de lombre, du clair-obscur et des jeux de lumière (lhorreur éclairée à la lampe torche). Quant au scénario de Xavier Dorison, le moins que lon puisse dire est quil tient les promesses faites depuis le premier album de la série, jusquau final, apocalyptique à souhait. Bref, voilà la conclusion idéale dune belle série, très ambitieuse et parfaitement menée, qui sait conjuguer différents thèmes (le huis clos parsemé de cadavres, la catastrophe sous-marine, lhorreur ancienne nappée dun ésotérisme de bon aloi) et qui sait surtout les mettre en scène avec habileté, sans en dénaturer la portée. Il y a là de quoi faire un bon film (et au vu du découpage et de la mise en scène, on dirait presque quil ny a plus quà tourner la manivelle), mais sans aller jusque-là, la relecture des trois tomes assurera au lecteur courageux une soirée angoissante à souhait, qui fera passer la visite à bord du Nostromo pour une aimable croisière.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 02/10/2004 ) Imprimer
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