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Bande dessinée -> Science-fiction |
| Stéphane Beauverger Benjo Zano Quartier M (vol.1) - Fêlures Dupuis - Empreinte(s) 2007 / 13 € - 85.15 ffr. / 48 pages ISBN : 978-2-80001-3955 FORMAT : 24x32 cm Imprimer
Le futur de la banlieue, Maël et Mog le connaissent déjà
Un futur indéterminé dans une banlieue indéterminée, le quartier M, où la civilisation recule un peu, où des amnésiques errent dans les rues, où les immeubles disparaissent comme par enchantement, dans un flamboiement bleuté. Et dans ce futur, la vie de deux mômes un peu solitaires, pas forcément épargnés par la vie. Maël a des parents qui se séparent, un père zombifié devant son écran dordinateur, une mère qui oublie jusquà sa fille, malade et couchée. Mog est un enfant battu qui décide un soir de fuir
Fuir : cest là tout le problème
pour se réfugier où ? Dans la fiction télévisée qui met en scène le Doge, un super héros local un tantinet ringard, version télé dun vrai héros mystérieux et discret ? dans la violence des bandes telle que celle des Rana, caïds sans âmes à qui personne ne soppose ? ou bien rallier la zone où tout disparaît peu à peu, cette zone instable et déserte ? Quel enfer préférer ? Maël et Mog choisissent donc chacun un destin, au risque de saffronter ?
Voilà un premier album de bonne tenue : le scénario de Stéphane Beauverger tout dabord, une plongée intimiste dans un quotidien si désespérant que Maël préfère senfuir dans un territoire désormais interdit à lhumanité et que Mog accepte de renier ses valeurs. Une réflexion sur un avenir pas forcément si éloigné, un futur qui ressemble tristement à notre présent et à ses « cités » si médiatisées et ses multiples violences. La ville malade de ses habitants en somme. En entretenant le mystère sur le lieu comme sur le moment, Beauverger transforme un fait-divers en un récit danticipation prometteur et tire, au-delà du simple divertissement, vers la question de société. Le graphisme de Benjo et Zano est également séduisant : mariage du manga et de la ligne claire, héritage dAkira revendiqué, lensemble est assez réussi, même si les cadrages et le découpage restent tout de même assez banals, et les attitudes un peu figées. Question de maturité peut être ? En fait, ce sont surtout les couleurs qui transforment lalbum, les ambiances crépusculaires, les contrastes, les architectures écrasantes et oppressantes : il y a une mise en scène de la ville (le vrai héros de lhistoire en fait) très suggestive. Bref, un premier essai dont il faut guetter la suite.
Gilles Ferragu ( Mis en ligne le 08/05/2007 ) Imprimer | | |
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