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Bande dessinée -> Chroniques - Autobiographie |
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Le remords de l’homme blanc | | | Nicolas Dumontheuil Le Landais volant (tome 1) - Conversation avec un margouillat Futuropolis 2009 / 16 € - 104.8 ffr. / 72 pages ISBN : 978-2-7548-0270-3 FORMAT : 24,5x31 cm Imprimer
Quand on sappelle Jean-Dextre Pandar de Cadillac, on est certain de représenter une certaine tradition française. Surtout quand, qui plus est, on porte le titre de baron, quon a grandi dans une petite commune gasconne et quon a vu pour la première fois une dame noire à 3 ans.
Pourtant, Jean-Dextre, grand voyageur devant léternel, est bien décidé à éviter tout ethnocentrisme. Sa conscience le taraude au cours des deux mois quil passe en Afrique de lOuest : sa bonne foi ne masque-t-elle pas une dose certaine de préjugés, de manques au principes absolus de lhumanisme ?
Nicolas Dumontheuil se penche sur les hésitations coupables du touriste blanc face à son néocolonialisme. Au Mali, au Burkina Faso puis au Bénin, le baron Jean-Dextre met en doute son comportement de toubab. Et se fait souvent prendre lorsquil ne sy attendait pas.
Cest une jeune fille, qui croit lui louer son corps alors quil pensait ladmirer en toute innocence. Cest un jugement de divorce où on lui demande de donner des conseils, et où il se retrouve accusé pour avoir utiliser trop deau. Cest un mendiant quil prend pour un musicien. Jean-Dextre ne parvient pas à réaliser une vision objective mais non stigmatisante. En se débarrassant de tous ses préjugés, il narrive tout simplement plus à rendre compte des réalités sociales et géographiques. Et en ouvrant les yeux, il se cogne en permanence contre sa propre différence. Comme dans tout voyage, il en apprend finalement plus sur lui-même que sur les pays quil visite.
Cette conversation effrayée avec lAutre tourne mal lorsque le vaudou entre en scène. Le baron semble alors tomber du côté obscur, être envahi par les idées racistes et la certitude dêtre issu dune civilisation supérieure. Il entame alors un combat contre sa propre paranoïa, au risque de toucher à la folie.
Dans tous ces virages, Dumontheuil sinterroge sur lAutre, et sur la mauvaise conscience de lhomme blanc face à ses préjugés. Malheureusement, on a vite limpression davoir compris lenjeu du livre, et toutes les anecdotes, au-delà de leur évidence, semblent un peu répétitives. Cest toujours au lecteur de les dépasser par sa propre expérience de voyageur et dhumain. Dumontheuil, grand narrateur (il la prouvé maintes fois entre Qui a tué lidiot ? et Big Foot), passionne plus quand il sattache à des personnages plus quà des généralités, comme dans ce voyage au Burkina Faso où les cas de conscience du baron prennent corps et âme. Le reste du temps, on pioche au passage les plaisirs de portraits bien sentis, où la caricature est toujours questionnée autant que voulue. Les décors restituent dans des couleurs chaudes (signées Isabelle Merlet) les rues de lAfrique de louest, aux détails pittoresques et aux figures animées. Le vin blanc sodabi, les enseignes à la main et les transports en commun font partie de ce rendu dune atmosphère différente, par les images lorsque la conscience est en défaut.
On ne sera pas étonné dapprendre que ces histoires sont issues de voyages de Nicolas Dumontheuil. Pour en rendre compte, il ne sest pas contenté de carnets de voyages visuellement colorés, ou dune traduction des débats de sa conscience. Mais il a mélangé tout cela dans une fresque parfois répétitive, mais toujours authentique et intelligente.
Clément Lemoine ( Mis en ligne le 14/07/2009 ) Imprimer
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