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Bande dessinée -> Chroniques - Autobiographie |
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Il était une fois en Amérique | | | John Marc DeMatteis Glenn Barr Brooklyn Dreams Futuropolis 2009 / 26 € - 170.3 ffr. / 392 pages ISBN : 978-2-7548-0213-0 FORMAT : 15x21,5 cm Imprimer
Dans une pièces sombre où seul son fauteuil est éclairé, Vincent Carl Santini (pour ne pas dire John Marc DeMatteis) se raconte. Sur 300 pages, il ferait ainsi comme un début de psychanalyse, le lecteur étant mis à la place de lanalyste malgré lui puisque la pièce semble totalement vide de personnel compétent. Santini nous fait grâce de toute sa vie, et se concentre sur son année de terminale. Mais, au fil de son discours, il parlera de son enfance, de ses parents, de Dostoïevski et McCartney, dun chien aux yeux tristes, de drogues, de filles et de Dieu. Un événement en particulier est au cur de ce récit un passage éclair en prison mais le narrateur, totalement pris dans son monologue noie le poisson dans un océan agité de souvenirs, damertume et dautocritique. Surtout, Santini/DeMatteis a un sens de la blague et de lanecdote cest un passionné de la chronique et des mémoires qui fait du quotidien un roman échevelé. Finalement, DeMatteis na pas grand-chose à raconter, mais il prend tellement de détours et fait preuve de tant de bavardages utiles que son récit devient fleuve, ses anecdotes des sagas. Être jeune et américain à Brooklyn dans les années 70 na rien dextraordinaire, mais cest justement derrière lautobiographie que rôde luniversel. Cest une évocation pleine de sensibilité contenue de ladolescence et de ses rêves, ses révélations soudaines et ses peurs. Surtout, le livre est drôle, rempli de caractères hauts en couleurs et de rebondissements burlesques et grâce à un vécu solide ne tombe jamais dans lartificiel ou le fadasse.
À lunisson de ce discours pas bien rôdé mais passionnant car virevoltant, Glenn Barr réalise un travail inspiré et volontairement biscornu. Comment en effet ne pas tomber dans lennui total en dessinant sur près de 400 pages un pauvre gars soliloquant sur son existence. Lexercice était périlleux, mais Barr a de la ressource : plutôt que de sen tenir à un seul style, le dessinateur multiplie les approches et tout comme Matteis qui surfe sur différents registres, le dessinateur change dattitude graphique régulièrement, joue sur les caricatures et le cartoonesque avant de replonger dans des plages aux noirs profond et gris tortueux. Le binôme ne fait plus quun, communiant dans une seule identité.
Brooklyn aidant, on pense à Woody Allen, à Spike Lee ou Scorsese, ou encore à un Will Eisner en plus allumé. De ces artistes qui ont su parler de leurs villes autant que des âmes qui la peuplent, et qui, grâce à une impeccable ¬¬¬narration, séchappe de la bête autobiographie égocentrique pour préserver lintérêt du lecteur. Un petit chef-duvre de la bande dessinée américaine, dense et mouvementé, enfin traduit quinze ans après sa création par les bons soins de Futuropolis.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 21/07/2009 ) Imprimer
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