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Bande dessinée -> Aventure |
| Jean Van Hamme Philippe Francq Largo Winch (tome 13) Dupuis - Repérages 2004 / 9.45 € - 61.9 ffr. / 48 pages ISBN : 2-8001-3387-2 FORMAT : 24 x 32 cm Imprimer
Ce treizième opus de la série Largo Winch commence très fort. Le play-boy-milliardaire-aventurier inventé par Jean Van Hamme est linvité de la célèbre émission télévisée «le Prix de largent». Elégant, beau parleur et soucieux de la misère du monde, Largo Winch explique que les fusions de gigantesques entreprises, telles celles menées par son propre groupe, sont dangereuses pour notre société «car lindividu entre de moins en moins en ligne de compte dans les calculs de nos dirigeants». Cela posé, il propose une définition subtilement balancée de la mondialisation : «un mécanisme de rapprochement où léconomique précède le culturel et le social, comme cest le cas dans lUnion européenne. Le principe en soi est bon, car cest un facteur de paix. Le problème vient des distorsions que cette planétarisation [sic] capitaliste va forcément entraîner». Bref, Van Hamme nous plonge au cur des débats politiques du monde actuel, en faisant bien attention de ne pas trop prendre parti.
Le discours idéologique tempéré de Largo Winch est brutalement interrompu par le suicide, en direct, du directeur de lune des mille entreprises du groupe Winch, dont les autorités ont décidé la suppression. Speed One, entreprise de construction de skis du Montana, est délocalisée en Tchéquie et Dennis Tarrant, son directeur, se tire une balle dans la tête sur le plateau de télévision, son sang maculant le beau costume de Largo Winch.
Tout est dit : mettant son splendide courage et son extraordinaire talent au service de ses idées incroyablement tièdes, Largo Winch va essayer de comprendre comment on en est arrivé là. Comme tous les épisodes de cette série, celui-ci est prévu en deux volumes mais, dores et déjà, une issue se dessine : lentreprise de Dennis Tarrant nétait pas dans le rouge ; ses comptes étaient maquillés. On sent que lhonneur du groupe Winch sera sauf : la petite entreprise navait pas à être délocalisée. Bien sûr, si elle avait vraiment été dans le rouge
Sur cette trame ambiguë, Jean Van Hamme et Philippe Francq produisent un album très honnête. Ils développent certains aspects du passé des personnages, laissés en suspens dans les épisodes précédents (la fin de lhistoire de Freddy, alias Frederic Kaplan, alias Ari Ben Chaïm, dont le début avait été raconté dans «Golden Gate»). Ils nous apprennent certaines choses (savez-vous que dans le Montana, le condamné à mort a le choix entre la pendaison ou linjection létale ?). Ils proposent quelques belles vignettes de New York, que décidément Francq dessine très bien. Ils mettent en scène linévitable flirt à venir, avec cette fois
la propre fille de Dennis Tarrant, une jeune aveugle sincère et pure. Bref, les fans ne seront pas déçus. Ceux qui espéraient une réflexion sur les ambiguïtés dun héros PDG dun grand groupe international devront en rabattre. La problématique de la mondialisation nest là que pour nouer une intrigue. Mais peut-on vraiment en vouloir à Van Hamme et Francq ? On les lit pour lintrigue. Pour la réflexion sur la mondialisation, on ira voir ailleurs.
Sylvain Venayre ( Mis en ligne le 20/06/2004 ) Imprimer
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