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Bande dessinée  ->  Les grands classiques  
 

Le cousin fonce
René Goscinny   Dino Attanasio   Spaghetti, Intégrale (tome 2)
Le Lombard 2011 /  24.95 € - 163.42 ffr. / 144 pages
ISBN : 978-2-8036-2833-9
FORMAT : 22,2x29,5 cm
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Si Goscinny s’enracine toujours plus dans la mémoire collective de la bande dessinée, avec son héritage cinématographique et littéraire, un pan entier de son travail continue d’échapper aux projecteurs : en particulier les très nombreuses planches qu’il scénarisa pour le journal Tintin, avec les dessinateurs les plus représentatifs du moment.
Parmi ces séries, Spaghetti est sans doute la plus connue, en particulier parce qu’Attanasio la poursuivit longtemps après que son scénariste l’eut délaissé. Greg, entre autres, prit le relais.

Cette intégrale remplace avec bonheur une foule d’albums introuvables, dans des éditions inégales et hors de prix. Le deuxième tome offre encore de quoi se réjouir. Car il voit l’arrivée d’un second couteau, à la vocation exemplaire : le cousin Prosciutto.
Il faut rappeler qu’au départ, Spaghetti est une création d’Attanasio, essentiellement définie par sa curieuse origine italienne : ça ne suffit pas à lui donner la force d’un personnage moteur, et l’ambiguïté de cet italianisme (on ne sait jamais trop de quel côté des Pyrénées se passe l’histoire) aurait plutôt tendance à le desservir.
Prosciutto, par contre, est un personnage typique de Goscinny. Goinfre imbécile, comme le sont ses meilleurs héros (Obélix, Averell, Ran Tan Plan, Haroun El Poussah…), il reprend aussi le côté raseur et casse-pieds d’un Assurancetourix ou d’un Dubruit. Menteur, tricheur, lâche, de mauvaise foi, mais finalement tellement gaffeur qu’il en devient plutôt sympathique, Prosciutto a une force de caractère qui le maintiendra comme incontournable de la série.
Dès lors, les aventures de Spaghetti ne sont plus les mêmes. De ses ballades incongrues où il était autant trouble-fête que victime, il devient le souffre-douleur d’un duo immuable. Prosciutto, bourreau involontaire, a toujours une idée catastrophique, une initiative déplorable, une décision calamiteuse : qu’il s’improvise gardien d’une maison fortunée, qu’il se fasse embaucher par des contrebandiers en diamants incognito, qu’il achète au nom de Spaghetti un hôtel en faillite ou qu’il accepte un emploi de bouffon auprès de diplomates armés de revolver, il fait toujours le mauvais choix. Et son cousin se retrouve plus souvent avec un revolver sous le nez qu’avec un chèque à la fin du mois. La scène récurrente de conclusion, grand rituel de Goscinny, passe alors symboliquement de la chanson « O Sole moi » à une course-poursuite à la Tex Avery, Spaghetti cherchant (toujours vainement) à échapper à Prosciutto.

Si Attanasio n’est pas aussi bon dessinateur que certains de ses contemporains (il suffit de comparer Au rendez-vous des cyclistes à la scène d’anthologie du Tour de France dans La Mauvaise Tête, cinq ans plus tôt, pour voir éclater la différence qui le sépare de Franquin, pour ne mentionner que lui), il remplit son contrat. Et surtout, les scénarios de Goscinny regorgent de pépites. Parti de rien, Spaghetti s’embarque sans le vouloir dans des situations rocambolesques, où il tombe de Charybde en Scylla. Les péripéties racontées ici ressemblent à la fois à des cercles vicieux et à des schémas absurdes, où chaque quiproquo en entraîne un plus gros. C’est du burlesque pur. Loin des personnages bien installés que sont Iznogoud, Astérix ou les Dalton, Spaghetti n’a pas de point d’attache. Il se promène de ville en ville et ne se sent guidé par aucune mission ; son idéal serait plutôt de vivre une petite vie tranquille. C’est un Charlot, un Buster Keaton, dans une trame dominée par les gorilles et les policiers vindicatifs.

Dans ses meilleurs moments, Spaghetti passe même dans un monde absurde, où un mot en vaut un autre, et où les personnages se comprennent mal et au mauvais moment. Comme dans cette bibliothèque où tous les lecteurs crient « Silence » à ne plus s’entendre.
Une fantaisie savoureuse qui ne ravira pas seulement les nostalgiques.


Clément Lemoine
( Mis en ligne le 18/10/2011 )
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