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Bande dessinée  ->  Les grands classiques  
 

Geerts épais
 Geerts   Jojo 1 - 1983-1991
Dupuis - Patrimoine 2017 /  28 € - 183.4 ffr. / 240 pages
ISBN : 9782800160924
FORMAT : 21,2x29,2 cm
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Dupuis intègre dans ses intégrales une tendre petite merveille des années 1980 à 2000. Jojo se prête d'autant mieux à un retour en librairie que l'estime chaleureuse du milieu professionnel ne s'est jamais vraiment transformée en grand succès populaire, le rendant idéal pour une résurrection en épais albums patrimoniaux. Ce premier volume, soigné, s'ouvre sur une très riche préface où Morgan Di Salvia nous raconte l'enfance du dessinateur Geerts, et intègre ensuite les nombreuses planches non reprises en album dans l'ordre chronologique de leur première publication.

Geerts déploie son univers en douceur : Jojo s'étale d'abord sur un quart de page, puis une demie, ensuite une page entière, avant de conquérir les territoires du récit complet et enfin, de l'album. Auparavant, l'auteur aura présenté des dessins d'humour sous la forme de grandes illustrations titrées Bonjour, monde cruel. Morgan Di Salvia nous présente Geerts comme frustré de ces détours avant de revenir à la bande dessinée. Pourtant, tout ce parcours peut aussi se lire comme une façon d'envisager le récit par la bande, en conservant une certaine méfiance envers l'art de la séquence. Le découpage de Geerts, et tout particulièrement dans ces premières années, n'a rien à voir avec celui de ses contemporains. Il opte presque toujours pour un cadrage uniforme. Même lorsqu'il choisit un plan plus serré, c'est en se contentant de se décaler pour maintenir quand même ses personnages à la même taille dans les cases. On a ainsi l'effet d'une bande dessinée à la hauteur de ses héros, sans trop de relief. Pas d'exotisme ici, pas de faux-semblant. Juste la banalité de tous les jours, mise en joie par un dessin rondouillard et par un regard plus ironique que la moyenne.
Il lui arrive bien de choisir de grandes images, plans d'ensemble occupant des quarts ou des demies planches. Mais dans Le Temps des copains ou dans La Fugue de Jojo, il ne s'agit pas, comme dans les manuels de bande dessinée, de présenter le décor ou d'exalter le corps du héros. Au contraire, ces vignettes isolent des moments forts de l'action, comme si, au moment où on pourrait trop se prendre au jeu, le dessinateur voulait nous obliger à prendre du recul.

En refusant de mettre en avant un point de vue, Geerts tourne le dos à l'identification au héros. Il nous apprend, comme Tati, à fouiller l'image par nous-mêmes pour y trouver astuces et inattendu. Dans le petit monde de la bande dessinée jeunesse, il est un des rares à ne pas donner de leçon de morale, mais à laisser son lecteur construire lui-même le récit. Et si, au fil des albums, on le voit diversifier ses techniques narratives, il s'en sert surtout pour présenter de nouveaux personnages, échappant toujours à la domination du rôle-titre.

Les tout premiers albums de Jojo sont aussi ceux d'une nostalgie que Geerts récuse ensuite. Couleurs sépia, vêtements intemporels, mobilier rustique, on pense bien au Petit Nicolas, que le dessinateur adorait ; à ceci-près que Jojo vit dans une école mixte, que sa maîtresse est coiffée à la mode des années 1980, et que les années qui suivent voient Geerts nous montrer, avec une volonté évidente, qu'il parle du présent. Cela n'enlève pas le charme spécifique de ces toutes premières années, rétro dès leur première publication, petit bain d'enfance pour adultes de toutes les générations.

En s'adressant aux enfants comme à des grands, en ravivant les souvenirs des anciens, sans jamais flatter les uns ni les autres, Geerts réalisait la véritable bande dessinée grand public.


Clément Lemoine
( Mis en ligne le 12/05/2017 )
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