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Bande dessinée -> Les grands classiques |
| Hugo Pratt Héctor G. Oesterheld Ernie Pike (vol. 1) Casterman 2003 / 16.50 € - 108.08 ffr. / 78 pages ISBN : 2203344008 FORMAT : 24 x 32 cm Imprimer
Ernie Pike est né en 1957, en Argentine, des imaginaires conjoints dHugo Pratt et Hector Oesterheld. Les récits du reporter de guerre sétaleront sur près de 20 ans, pas toujours sous le pinceau de Pratt, qui partagera la paternité graphique de son héros dès lannée de sa création. Quand Pratt quitte définitivement lArgentine, en 1962, il a dessiné pas moins de 34 épisodes dErnie Pike. Publiés en France à diverses périodes et dans le désordre, les récits dErnie Pike font aujourdhui lobjet dune nouvelle édition chez Casterman : ce premier tome comporte cinq récits, de 7 à 25 pages chacun.
La préface fort éclairante de Dominique Petitfaux, auteur de deux livres dentretiens avec Pratt (Le désir dêtre inutile chez Laffont en 1991, et De lautre côté de Corto chez Casterman en 1996), nous apprend que le personnage dErnie Pike sinspire dun journaliste qui a bel et bien existé, Ernest Pyle, mort à 45 ans sous les balles japonaises, à la fin de la Seconde guerre mondiale.
La couverture de lalbum pourrait prêter à confusion : il nest pas tant question ici de récits guerriers que dhistoires dhommes (et de femmes) par temps de guerre, celle de 39-45. On ne trouvera ni véritables horreurs ni misérabilisme dans ces cinq récits, mais des moments de vie qui frôlent lédification. La guerre expulse hors de leur vie ceux qui la font ou la subissent. Mais dans un théâtre barbare, les acteurs ne sont pas forcés de lêtre. Cest peut-être à lécart du cours «normal» des choses, justement, que trouve à sexprimer la noblesse de certains sentiments : lamitié, la loyauté, la fraternité
Ernie Pike nest là que pour amorcer ses récits, il se retire bien vite de la scène, laisse la place à des personnages complexes et touchants, puis revient tourner la page de ses souvenirs du front. Reste pour le lecteur un sentiment mêlé de tristesse et de bonheur. Tristesse devant labsurdité de ces vies qui senvolent, bonheur pourtant davoir croisé le chemin dErnie Pike et de lavoir écouté nous parler de ceux-là qui auraient pu partir dans la plus grande indifférence, et nêtre que des noms parmi dautres sur des monuments aux morts.
Anne Bleuzen ( Mis en ligne le 25/01/2004 ) Imprimer
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