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Bande dessinée -> Les grands classiques |
| Eugène Gire La Pension Radicelle Glénat - Patrimoine BD 2005 / 20 € - 131 ffr. / 64 pages ISBN : 2-7234-5103-8 FORMAT : 24 x 32 cm Imprimer
La bonne santé générale du monde de la bande dessinée incite les éditeurs à multiplier loffre et à présenter un panel très large de ce que peut être aujourdhui la bande dessinée, mais aussi de ce quelle fut. Ainsi, à côté des « vraies » nouveautés, on trouve de plus en plus sur les rayons des libraires des rééditions luxueuses de classiques, ou comme cest le cas ici, des recueils de planches exhumées de quelques lointains illustrés colorés. La nouvelle collection « Patrimoine BD » de Glénat sattache ainsi à faire découvrir à ses lecteurs quelques séries parfois oubliées, des souvenirs rapportés par un spécialiste du genre, Henri Filippini.
Pour rendre hommage à ce fameux patrimoine, cette collection soigne son habillage : qualité de limpression, dos toilé des plus élégants, et un mini-dossier qui termine lalbum sur une note documentaire pertinente. Tout cela présage une nouvelle collection qui peut vite devenir riche en surprises et découvertes. Aussi la déception est présente devant cet opus : loin dêtre totalement inintéressant, et possédant même de nombreuses qualités, La Pension Radicelle nest en effet pas le chef-duvre oublié que lon pouvait espérer.
Sinspirant de séries emblématiques comme Katzenjammer Kids, cette série créée par Eugène Gire en 1947 met en scène une troupe de personnages farfelus et qui fait souffler sur chaque planche un vent de douce folie. Pour les membres de cette pension, modèle disparu dun certain Paris populaire, chaque jour est loccasion dune nouvelle élucubration : entre les délirantes inventions de Saturnin, les facéties dIsidore lartiste tête-en-lair, ou les multiples bêtises de Nestor, Mademoiselle Radicelle na pas le temps de sennuyer.
Sur une période de vingt ans, Eugène Gire a réalisé plus de mille planches de cette série ; une petite soixantaine seulement est présentée ici, piochée plus ou moins arbitrairement (les pensionnaires se retrouvent sur une île déserte dune planche à lautre sans que lon sache trop comment ni pourquoi), donnant un aperçu significatif de cette bande publiée dans le mythique Vaillant. On reprochera à La Pension Radicelle un style trop ancré dans une certaine tradition désuète. Rappelons quà la même époque, entre 1947 et 1968, ce sont des personnages comme Astérix, Lucky Luke, Gaston ou encore la série des Dingodossiers qui apportent à la bande dessinée humoristique ses lettres de noblesse et une modernité inédite. La Pension Radicelle a bloqué le compteur et continue de faire à la chaîne une bande dessinée à grand-papa, pas mauvaise mais un peu répétitive et furieusement datée, déjà pour lépoque. Chaque planche se construit autour dun découpage étriqué, et dont le gag final nest pas toujours le plus drôle tant il sest passé de choses auparavant. Cette profusion dévénements dans chaque planche est parfois une qualité - on sémerveille devant limagination explosive de Gire - mais névite pas de côtoyer parfois une certaine confusion narrative.
Reste le trait dEugène Gire, dynamique et enjoué, et surtout cette atmosphère délirante et parfois même délurée, qui donnera à son lecteur quelques brefs mais précieux sourires, des petits moments toujours appréciables.
Alexis Laballery ( Mis en ligne le 19/06/2005 ) Imprimer | | |
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